La méthode d’explication de textes est par définition moins directive que la dissertation. Il faut se mettre au service du texte, c’est-à-dire être un intermédiaire entre le texte et quelqu’un qui ne l’aurait pas compris.
Le correcteur ne supervise pas votre compréhension du texte (en principe) il supervise votre capacité à l’expliquer, c’est-à-dire à le faire comprendre, à montrer son intérêt.

Il faut en conséquence mobiliser les différents outils permettant de faciliter cette compréhension.

 

 

 

1er outil : Structure et paraphrase.

Il faut parvenir à montrer ce que fait l’auteur au moment où il le fait. L’auteur peut employer un certain nombre de procédés, il peut avoir recours à différentes formes du langage, il faut savoir les repérer et les montrer, c’est cela que l’on appelle l’ordre de l’argumentation.

Par exemple l’auteur peut : poser une question, démontrer, objecter, illustrer (la liste n’est pas exhaustive). Il peut également énoncer une thèse. Il faut faire attention à ce point : l’auteur peut énoncer une thèse qu’il affirme ou une thèse à laquelle il s’oppose. On ne vous pardonnerait pas de confondre un propos que l’auteur cite ou évoque pour le critiquer et un propos qu’il énonce pour le soutenir.

Pour repérer cet ordre, il faut couper le texte en parties, et donner un titre à chaque partie (le titre doit condenser la pensée de l’auteur). Cette étape vous servira également pour rédiger l’introduction.

 

2ème outil : L’explication des termes.

Vous n’aurez affaire qu’à des textes de grands auteurs (ou de grands traducteurs d’auteurs). Chaque mot du texte aura été pensé et réfléchi. L’emploi d’un terme n’est pas anodin. Vous apportez quelque chose à la simple lecture si vous parvenez à mieux justifier l’emploi de certains termes ou à en préciser le sens.

Bien entendu si l’auteur emploie des images ou des métaphores, il faut en considérer la pertinence en les référant au sens propre.

Vous pouvez expliquer un terme , en vous servant de vos connaissances : certains termes ont été abordés en cours, font l’objet de diverses acceptions, interrogez-vous sur celle que considère l’auteur (vous savez par exemple que la liberté chez Sartre n’a pas le même sens que chez Spinoza).
Vous pouvez vous demander pourquoi l’auteur a employé un terme et pas un autre, certains emplois peuvent paraître incongrus ou paradoxaux, relevez ces paradoxes.

Vous pouvez également chercher à éclairer l’emploi d’un terme par l’emploi d’un synonyme plus loin dans le texte.

 

3ème outil : l’exemple.

C’est le meilleur outil pédagogique, il faut absolument chercher à l’employer. L’auteur a pu énoncer une thèse sans l’illustrer, il faut que vous le fassiez.
Il n’est pas nécessaire que vos exemples soient puisés dans vos connaissances philosophiques, vous pouvez vous servir de vos connaissances scientifiques, historiques, artistiques, et même de votre imagination ou de votre vécu (en prenant garde à ne personnaliser l’exemple et à ne pas tomber dans l’anodin).

 

4ème outil : la référence.

Dans les textes il est noté qu’aucune connaissance de l’auteur du texte n’est exigée. Cela ne signifie pas que vous ne devez avoir recours à aucune de vos connaissances : sur certains thèmes vous pouvez comparer la pensée de l’auteur à une pensée qui lui est opposée ou qui en est proche.
Cet outil est plus délicat à utiliser que les trois précédents : le risque est grand de faire des comparaisons inappropriées. Il faut donc toujours montrer en quoi la référence à un autre auteur, à une autre doctrine, peut apporter quelque chose à la compréhension du texte.

5ème outil : la critique

Ce dernier outil est encore plus délicat à manier que le précédent. Ne faites jamais de critique qualitative du genre : « on peut penser que là l’auteur n’a pas suffisamment réfléchi » vous ne montreriez que votre prétention et votre manque de discernement.

En revanche vous pouvez noter que certains passages demeurent obscurs, que l’auteur a maintenu une ambiguïté.

Il est parfois préférable de ne pas employer, mais il est aussi parfois attendu, surtout lorsque l’auteur a un point de vue partisan.
La critique consiste alors à considérer la rigueur du raisonnement mais à noter qu’il est possible d’avoir un raisonnement alternatif.

 

LA REDACTION PROPREMENT DITE

 

L’introduction.

 

Vous devez effectuer trois opérations : donner une contextualisation du texte, un énoncé de la thèse défendue, et un plan de l’argumentation.
En ce qui concerne la contextualisation, il ne s’agit pas de montrer votre connaissance de l’auteur (encore une fois celle-ci n’est pas exigée) mais de montrer que ce texte a une position dans la pensée, et souvent une position paradoxale : il est assez élégant de montrer que la pensée de l’auteur s’oppose à ce qu’on aurait pu croire sans réflexion.
Il faut ensuite poser la thèse : c’est la synhèse de votre découpage du texte, l’idée centrale que l’auteur veut défendre.

Il faut enfin donner le plan de votre argumentation, c’est le résultat de votre premier travail, celui qui a consisté à couper le texte en parties et à donner un titre à chacune.

 

 

Le développement.

 

Suiviez bien sûr les règles de l’argumentation, suivez le plan du texte et faites des paragraphes. Faites des phrases courtes, dites ce que vous allez dire avant de le montrer. Privilégiez la clarté.
Attention à ne pas perdre le correcteur : il faut couramment citer le texte (pas de citation trop longue) pour qu’il soit facile de vous suivre.

La conclusion.

 

Elle reprend les résultats du texte : ce que l’auteur est parvenu à montrer, la façon dont il l’a montré, les interrogations qui peuvent demeurer sur le texte, les critiques éventuelles. Mais il faut terminer par la force du texte, c’est-à-dire la pertinence de son interrogation et la rigueur de son raisonnement.