Sujet initial : réponse à question d'un concours : «  quelle la source de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle. »

 

 

 Le titre

 

 Changement entre titre originel et titre choisi par Rousseau

Titre originel: " Quelle est la source de l'inégalité parmi les Hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle " Rousseau supprime la loi naturelle, et remplace la source par l’origine. 

 

            PREFACE

 

I/ LES DIFFICULTES DE LA QUESTION

- Suppose la connaissance la plus difficile : Qu’est-ce que l’homme

-  Demande un discernement entre son « propre fonds » d’avec les ajouts à son « Etat primitif »

- Le progrès des connaissances éloigne de la connaissance de notre origine

- Les différences de progrès sont la première origine de l’inégalité.

 

II/ LE STATUT DE LA RECHERCHE DE ROUSSEAU

A) Une fiction théorique

Une conjecture à propos d’un Etat possiblement imaginaire, mais nécessaire

B) remise en cause de la notion de droit naturel

- Les jurisconsultes romains considère la loi qui s’impose à tous (loi physique)

- Les modernes ne reconnaissant sous le nom de loi qu’une règle prescrite et commettent une erreur méthodologique 

 

III/ DETERMINATION DE DEUX PRINCIPES FONDAMENTAUX

- L’instinct de conservation et la pitié

- Avantage théorique :  « De cette manière, on n’est point obligé de faire de l’homme un philosophe avant que d’en faire un homme »

 

INTRODUCTION

 

I/ Distinction entre deux sortes d’inégalités - Naturelle et Physique - Morale et Politique

La première est originelle, donc pas de recherche. La seconde est indigne :  propos « d'esclaves entendus de leur maître "

II/ Exposé du but: « marquer… le moment où, … la nature fut soumise à la loi »

III/ Echec des philosophes précédents à penser un état de nature « tous ont senti la nécessité de remonter jusqu’à l’état de nature, mais aucun d’eux n’y est arrivé » :

Supposition du juste et de l'injuste sans justification de la nécessité naturelle de cette notion

- Supposition de la propriété inhérente à un droit naturel supposé sans étude de la propriété ( Locke )

- Supposition anachronique d'une hiérarchie sans réflexion sur sa genèse possible.

Critique générique : « Ils parlaient de l’homme sauvage, et ils peignaient l’homme civil. »

Critique (Sérieuse ?) du scandale religieux d’un Etat de Nature

 

IV Reprise du statut de l'état de nature chez Rousseau et de sa nécessité scientifique

- Pas description d'un passé réel de l'homme " commençons donc par écarter tous les faits "

- « Il ne faut pas prendre les recherches, … pour des vérités historiques, mais seulement pour des raisonnements hypothétiques »

- Fin de l’introduction en forme d’adresse à l’homme. Deux considérations : la prédominance de la nature, et la recherche de l’âge le plus propice à l’homme.

           

 

________________________________________________________________________

 

1ère PARTIE

 

Le sujet général de la 1ère partie est la description de l'homme au sein de son environnement et comparativement aux autres animaux.

Description à la fois physique et psychologique.

 

 Remarque: préalable l'homme est seul.

 

            3 raisons à cette solitude:

 

- R cherche l'origine des sociétés, supposer une société préexistante ruinerait cette généalogie ( Cf. état de nature comme outil gnoséologique. )

 

- Le moteur des transformations qui vont amener l'homme de l'état de nature à l'homme civil ( y compris les transformations psychologiques) est la rencontre avec d'autres individus => Nec. de penser un état antérieur à toute rencontre = un état solitaire.

- Envisager l'homme solitaire permet à R de considérer un état de nature antérieur à ceux envisagés par les autres penseur, il intègre les autres états de nature dans une évolution dont lui comprend le 1er terme.

            Exemples d'autres état de nature:   Locke: état de nature est un état de paix et d'assistance, de bienveillance avec loi naturelle car homme doué de raison.

Seul problème : l'homme connaissant la loi naturelle ne l'applique pas à tous les cas particuliers et peut s'emparer de la propriété ( au sens large liberté, vie , bien, ) d'autrui.

Hobbes état de nature est la guerre de chacun contre chacun.

Tous ces états de nature supposent une sociabilité préalable " ils voulaient peindre l'homme naturel et ils peignaient l'homme civil. "

Rousseau retrouvera certains de ces états et surtout l'état de guerre permanent  mais ce sera à une étape très ultérieure à l'état de nature. Il faut partir d'un point plus originaire : l'homme seul. ( goût de R pour la solitude " les rêveries d'un promeneur solitaire ")

                                               _____________________

 

I: L'HOMME PHYSIQUE

à"je n'ai considéré jusqu'ici que l'homme physique ..."

 

            A Situation de l'homme par rapport à l'animal et à l'homme moderne.

à" la terre abandonnée à sa fertilité naturelle. "

 

Situé par rapport à l'animal

 L'homme n'est pas considéré à un moment de son évolution : " je ne m'arrêterai pas à rechercher dans le système animal ce qu'il put être au commencement ": p170 dans le domaine aucune base solide au raisonnement.

 L'homme est conforme à ce qu'il est physiquement.

 

situé par rapport à l'homme social et religieux.

 L'opération qui consiste à le situer sur ce plan est un dépouillement. Autre nom du dépouillement = analyse. L'homme à l'état de nature est le résultat d'une analyse au sens chimique

 Ce qui est retiré au cours de cette analyse : l'artificiel ( qui ne s'oppose pas au naturel mais à l'originaire ) et le surnaturel.

 Ce qui reste: le naturel i.e. un animal

 

 Un fois l'homme décrit R va chercher à montrer que cet homme est viable.

 

             B La viabilité de l'homme

                                                                                  à Fin

 

-1) Le milieu

            La profusion

            La régularité : les événements du monde se produisent de façon uniforme ce qui évite la surprise.

 

-2) La robustesse.

            Ce qui permet d'inférer cette robustesse:

* La dureté des conditions de vie => tempérament robuste

* La transmission de cette robustesse et la sélection naturelle.

( note critique sur la société pour atténuer la rudesse de sélection )

* L'absence d'outil => force.

Cf. Note sur la supériorité des sauvages.

Pblème c'est de l'état de nature que parle Rousseau et il se réfère à des sociétés.

Sol: même s'ils sont dénaturés ils le sont moins que nous .

Nouveauté d'une considération d'une supériorité des sauvages.

 

-3) Comparaison avec les autres animaux:

* Aussi viable que les autres espèces : sa force est dans son adresse

* Pas de prédation déterminée.

 

- Les maux naturels: Maladie, enfance vieillesse.

* Maladie: la source des maux est très souvent la société elle-même : " Nous nous donnons plus de maux que la médecine ne nous fournit de remèdes. "

La comparaison de l'animal domestique et de l'animal sauvage renforce cette idée.

 

 

II L HOMME MORAL.

à "plus on médite sur ce sujet"

 

            A la liberté.

à" il serait triste pour nous de convenir " 

 

Déjà annoncée dans la description de l'homme physique:

-1) La plasticité ou absence d'instinct.

" l'homme n'en ayant peut-être aucun (instinct ) se les approprie tous "

 Contrairement à la tradition ( cf. Protagoras ) Rousseau ne voit pas une faiblesse dans l'absence d'instinct,

* parce que cette absence permet le mimétisme et l'adaptation possible.

* parce que l'homme peut ainsi varier sa nourriture, pas de façon déterminée d'assurer sa subsistance (p 173)

=> indétermination: Pas de réaction déterminée face à un choix possible " il a partout le prendre et le laisser dans la rencontre et le choix de la fuite ou du combat " 177

- 2)  La liberté métaphysique:

" la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes en qualité d'agent libre" p.182

Dem: l'homme est capable de se nuire à lui même. Ce choix est irréductible au mécanisme: la liberté est le contraire du mécanisme.

3) La liberté comme véritable différence spécifique

 La différence intellectuelle est une différence de degrés. Lien entre les idées et les sens : les idées sont la présence à l'entendement animal de ce que ses sens perçoivent ( un animal sent un autre animal, cette sensation se conserve, c'est ce qui peut s'appeler un entendement.)

La liberté est une différence de nature => « Spiritualité de son âme ».  « La nature commande à tout animal, et la bête obéit. »

 

Autre conséquence:

4)  La perfectibilité

Cette faculté développe les autres.

* L'animal est identique à lui même

            Identique en tant qu'espèce ( un animal d'il y a 3000 ans agit comme un animal contemporain )

            Identique en tant qu'individu: " un animal est, au bout de quelques mois ce qu'il sera toute sa vie " p.183

L'homme n'est pas identique à lui même, il le serait s'il suivait un plan arrêté de la nature, mais ses choix constituent des arrêts, une distance, 1 rapport médiat au monde. Il y a de l'acquis chez l'homme  ( "l'animal n'a rien d'acquis" p.183 seulement de l'inné.)

- Cette faculté n'est cependant pas suffisante à elle seule pour l'établissement de la société:

cette faculté " le tire, à force de temps de cette condition où il coulerait des jours tranquilles et innocents." p. 172. mais: " jusqu'à ce que de nouvelles circonstances y causent de nouveaux développements." p.177

Ces circonstances = la rencontre d'autres hommes.

Dans l'état de nature cette faculté se borne à adapter l'homme à son milieu => Etat de stabilité. A elle seule la faculté de se perfectionner n'explique pas la société.

 Elle reste une condition nécessaire cause mais pas cause unique.

 

 Preuve de cette perfectibilité, une preuve paradoxale: " l'homme peut devenir imbécile. p.183 La vieillesse lui fait perdre l'acquis et le fait donc descendre plus bas que celui qui n'a que l'inné.

 

            B Ambivalence de la perfectibilité.

 

à " Quoi qu'en disent les moralistes ..."

 

 

" fait éclore ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus. 184

1) Compensation des défauts par les qualités

L’ambivalence semble maintenue, chaque défaut être compensée par une qualité. Cependant plus haut R affirme une autre conséquence pour laquelle il n'est pas de compensation: le malheur. La société => le malheur.

Cf. Note IX: " Ce n'est pas sans peine que nous sommes parvenus à nous rendre si malheureux." 184 Phrase paradoxale constat suivant du rapport disproportionné entre l'effort fourni par l'humanité et le peu de profit qu'elle a pu en tirer, constat d'un effort qui a pour conséquence le malheur.

2 Causes du malheur: l'orgueil  

Report important à la note 9

3 Comparaison morale de l'homme civil et du sauvage à l'état de nature:

* La société est un lieu de conflit des intérêts où le malheur des uns fait le bonheur des autres et qui pousse donc à souhaiter ce malheur

* Dans l'état de nature la compétition est avorté:

            Par la profusion des biens

            Par la simplicité des besoins " l'homme sauvage quand il a dîné, est en paix avec toute la nature et l'ami de tous ses semblables " Note 9

            Par la difficulté de la compétition elle même:

il est plus facile de trouver une proie que de combattre un homme.

            Par l'absence d'orgueil: " l'orgueil ne s mêle pas du combat"

* Dans la société les besoins sont multipliés: " moins les besoins sont pressants et naturels, plus les passions augmentent"

 

 

            C L'homme être borné.

à " Plus on médite sur ce sujet 197

 

Borné au sens de limité: Cf. Note XI: " rien ne doit être si tranquille que son âme et si borné que son esprit " 195

 

1)  borné dans ses passions.

 

 Sens Rousseau de passion : pas le sens moderne de cristallisation mais sens Cartésien d'action du corps sur l'âme.

- Borné dans ses affects car se limitent aux besoins élémentaires:" Les seuls biens qu'il connaisse dans l'univers sont la nourriture une femelle et le repos "

 Considérer d'autres besoins serait commettre l'erreur que dénonce R: peindre l'homme civil pour parler de l'homme sauvage.

 

1ère raison du dvt borné des besoins : l'habitude.

En effet " nos besoins ne sont tels que par l'habitude avant laquelle ils n'étaient pas des besoins "Note XI Rousseau insistera plus tard sur l'asservissement qu'entraîne l'acquisition des 1ère commodités dont la possession ne procure aucune joie et dont la perte plonge dans le malheur.

2ème raison      Les passions se développent en rapport direct avec l'entendement et inversement.: Il faut un motif pour chercher à connaître: " Nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons de jouir " p.182

 Inversement on ne peut désirer ce qu'on ignore  Cf. Note XI: " On ne désire pas ce qu'on n'est pas en état de connaître " Or à ce stade l'entendement est purement virtuel

 

2/ borné dans ses craintes

Douleur et faim pas mort

 

3/ borné dans son entendement

 " son imagination ne lui peint rien " 196

 Son rapport au monde est immédiat, les choses et se besoins se présentent à lui ils ne se représentent pas

 Ses besoins sont rapidement satisfaits ce qui ne permet pas de développer en lui l'imagination qui s'attache à l'objet du désir non satisfait.

 Le fait de connaître appelle le désir de connaître mais le sauvage n'en est pas à ce stade.

=> Ni prévoyance ni curiosité.

- Pas de curiosité car son univers est toujours identique à lui même

- pas de prévoyance : Le besoin est suivi de sa satisfaction presque immédiate, la nécessité de prévoir n'existe pas. Cf. p 183 l'exemple du Caraïbe.

 

 

III STABILITE DE L ETAT DE NATURE.

à " je sais qu'on nous répète sans cesse " P.

 

 

A Psychologiques et conjecturales:

 

à " Qu'on songe de combien d'idées nous sommes redevables à l'usage de la parole "

 

3 raisons de la stabilité:

 La simplicité intellectuelle, conséquence de l'absence de motifs à son développement

 L'inaccessibilité aux connaissances

 L'impossible transmission des connaissances: " Combien de fois peut-être chacun de ces secrets n'est-il pas mort avec celui qui l'avait découvert." 197 Non seulement une découverte par l'homme est improbable mais elle a en plus toutes les chances de rester morte.

            R. cherche à montrer la difficulté du progrès: Un exemple l'agriculture:

* Suppose un changement de la nature ( une suppression de la profusion

* Une connaissance de la métallurgie

* Surtout en contradiction avec la psychologie de l'homme à l'état de nature: l'agriculture demande une prévision, un investissement, une astreinte constante à un travail incompatible avec la mentalité du sauvage.

 

B la communication:

à " je sais qu'on nous répète sans cesse " P.1

 

L'absence de progrès cumulatif est directement liée à l'absence de communication. => 2 axes: Montrer que le langage est indispensable.

                         Montrer sa difficulté.

 

1 Les difficultés de l'origine.

à " supposons cette difficulté vaincue " p. 204

 

Argument avancé par Locke de l'origine possible dans la relation  familiale. La relation père-mère enfant serait un embryon de société car il y aurait utilité pour la conservation de l'espèce que le père s'occupât de l'enfant.

- Objection de Rousseau: Que quelque chose soit utile ne prouve pas que cela fut: " Quoiqu'il puisse être avantageux à l'espèce humaine que l'union de l'homme et de la femme soit permanente, il ne s'ensuit pas que cela ait été établi par la nature. " (  p. 201 note 12 a) Il faudrait montrer que cela est nécessaire à la conservation de l'espèce humaine et ce n'est pas le cas.

- Tout argument sur l'existence d'un noyau social primordial se base sur l'attachement du père à l'enfant. Cependant objection majeure: Qu'est-ce qui peut faire que l'homme reste avec la femme pendant la grossesse: " l'appétit satisfait, l'homme n'a plus besoin de telle femme, ni la femme de tel homme " p. 202

            En fonction de son incapacité à prévoir l'homme n'a aucune idée des conséquences de ses actes:

- Pas de mémoire de s'être connus

- Les partenaires sont interchangeables

- De plus la femme a un appétit moindre pendant la grossesse.

Donc aucune raison pour que l'enfantement puisse former la relation père-mère-enfant.

            Argument plus difficile de la relation mère enfant. Mais:

- 1 fois que l'enfant n'a plus besoin de la mère il devient autonome et n'a plus besoin de la mère, il ne la reconnaît même plus.

 Dans l'état de nature la dépendance de l'enfant à l'égard de la mère n'est pas longue;

- De plus la langue d'un besoin d'exprimer quelque chose mais c'est l'enfant qui aurait des besoin à exprimer donc le besoin de s'exprimer serait du côté de celui qui en serait le moins capable.

Enfin tout ce que cet argument pourrait expliquer c'est comment les langues se transmettent, non comment elles naissent.

 

            2/ supposition de la nécessité des langues.

à " Quoiqu'il en soit de ces origines " p.209

 Nouvelle difficulté: Comment communiquer des pensées ? Mêmes si les hommes comprennent que les sons représentent des idées, comment l'homme peut-il établir des conventions sur des idées qu'il ne se représente même pas ?: " Si les hommes ont eu besoin de la parole pour apprendre à penser, ils ont eu bien plus besoin encore de savoir penser pour trouver l'art de la parole. " p. 204

D'où 1ère communication: les cris, limités aux circonstances exceptionnelles.

2ème communication: les gestes et les sons imitatifs. Considération double:

- Sens très étendu des mots.

- Sens très restreint: tout était individualité et chaque individualité portait un nom -> Extension à l'infini du premier dictionnaire. Cf. problème de la classification. Cf. l'animal: le fait qu'il reconnaisse une noix est simplement le rapport entre une sensation présente et une sensation antérieure En aucun cas il ne s'agit d'une classification.

En effet une idée générale, un concept ne peut venir de l'imagination mais de l'intellect.

L'imagination ne peut se représenter aucun concept mais seulement

un objet particulier susceptible d'être rangé sous le concept.

Cf. arbre et triangle. Pour penser il faut le discours les premiers substantifs ne sont jamais que des noms propres.

Conclusion : Grande difficulté pour la création des langues.

Les considérations sur l'origine des langues ont surtout pour but

- de montrer la stabilité et la longueur de l'état de nature

- De montrer que la sociabilité est due à des circonstances fortuites et non nécessaires:

"Il est impossible d'imaginer pourquoi, dans cet état primitif, un homme aurait plutôt besoin d'un autre homme qu'un singe ou un loup de son semblable." p. 209  (interne à IV)

 

IV BONHEUR ET INNOCENCE DE L HOMME A L ETAT DE NATURE:

à p. 218 Concluons qu'errant dans les forêts sans industrie "

 

Bonheur = un terme récurrent dans tout l'ouvrage.

 

absence de malheur

moralité

- amour propre

- pitié

 

A L'absence de malheur:

à " il parait d'abord que les hommes dans cet état n'ayant entre eux aucune sorte de relation morale " p.210

 

- Evocation d'un préjugé: L'homme serait malheureux à l'état de nature. Ce préjugé vient d'une erreur de perspective qui fait dépendre le bonheur du progrès.

- Réponse au préjugé: Il n'y a dans 'l'état de nature aucune source possible de misère :

 Paix du corps ( Cf. passage sur les maladies )

 Paix de l'esprit:

             " son imagination ne lui peint rien " p. 196

             Le désir et le trouble des passions sont inexistants à l'état de nature .

            Pas d'inquiétude : l'homme n'a pas de projet. " ses projets comme ses vues s'étendent à peine jusqu'à la fin de la journée " p.197

 

Le bonheur envisagé par Rousseau n'est pas un bonheur positif mais une absence de misère: La misère se définit comme une privation douloureuse or l'homme primitif ne manque de rien

- D'abord parce que ses besoins sont bornés.

Là prennent leur sens les bornes que Rousseau a imposé à l'homme primitif: la misère = avoir des besoins et en être privé, d'où la volonté qu'a eu Rousseau de montrer que les besoins ne dépassent jamais la satisfaction..

- Parce que ses facultés ne se développent qu'avec l'occasion de les exercer:

 " IL avait dans le seul instinct tout ce qu'il lui fallait pour vivre dans l'état de nature, il n'a dans une raison cultivée que ce qu'il lui faut pour vivre en société "

            Le bonheur de l'homme à l'état de nature est à mettre en // avec une autre considération envisagée précédemment:

le malheur de l'homme en société dans la note IX ( p.184 )

Montrer que l'instinct est un guide sûr c'est revenir sur une considération concernant le fait que la liberté ne soit pas un guide sûr .

La raison pour laquelle l'homme civil se condamne au malheur est la même que la raison pour laquelle le sauvage ne peut être misérable: la misère consiste dans un besoin non satisfait .

Or si le sauvage est très limité dans ses besoins, la société en crée.

Ainsi le luxe représente pour Rousseau une des choses les plus nocives parce qu'il engendre une multiplication des besoins.

Cf. note IX: " le luxe est lui même le pire des maux. "

 

B l'innocence de l'homme à l'état de nature.

à "Il y a d'ailleurs un autre principe que Hobbes n'a point aperçu "

 

             On pourrait croire que l'homme à l'état de nature est bon Cf. note IX: " l'homme est naturellement bon. " Cependant p. 210 " ils ne sont ni bons ni méchants " :

Etre bon dépend d'une connaissance:

" l'homme n'a pas la connaissance innée du bien, mais sitôt que sa raison le lui fait connaître, sa conscience le porte à l'aimer."

=> Pas de moralité à l'état de nature. Rousseau récuse par là les tenant de la loi naturelle, Locke par exemple, qui supposent qu'en tout homme, à n'importe quel stade de son évolution, il y a une loi naturelle qui s'oppose au droit positif ( loi artificielle ) ou aux commandements divins ( loi surnaturelle ).

La loi naturelle est la loi à laquelle tout homme se référerait pour juger de ce qui est juste et de ce qui est injuste.

Cependant pour R; cette loi dépend de la raison ( cf.  La vertu n'est que cette conformité de la volonté particulière à la volonté générale  Discours sur l'économie pol. )

R. récuse donc une valeur morale de l'homme à l'état de nature.

- Si R. refuse la vertu à l'homme moral ce qu'il lui refuse plus encore c'est le vice.

Considérer l'état de nature comme un état de guerre généralisé est une erreur.

- Les besoin de l'homme sont limités et autrui n'est pas un frein à leur satisfaction cf. p.185 : "le sauvage quand il a dîné est en paix avec la nature et l'ami de tous ses semblables ".

 Hobbes a eu raison de ne pas attribuer à l'homme le respect effectif de lois qu'il devrait respecter ( condamnation de la loi naturelle )

L'erreur commise par Hobbes est qu'il prête à l'homme à l'état de nature des passions propres à l'homme civil.

            En somme Rousseau montre:

- Que l'homme ne possède pas la raison qui lui permettrait d'être bon.

- Mais qu'en fonction même de cette incapacité il ne peut faire le mal, il est innocent.

- Ce qui fait que cette innocence n'entraîne pas une série d'actes qui serait préjudiciables à l'espèce ce n'est pas le contrôle des passions par la connaissance ou la loi, mais le calme des passions.

 

C/ la moralité minimale

à" Parmi les passions qui agitent le coeur de l'homme " p. 215

 

Il y a un principe négatif qui empêche le sauvage de mal faire : la calme des passions.

Il y a cependant aussi un principe positif qui permet de considérer une sorte de bonté dans l'innocence de l'homme à l'état de nature..

Il ne s'agit pas vraiment de bonté car bonté => réflexion.

Au contraire ce sentiment est inné : " une répugnance innée à voir souffrir son semblable. " L'argument qui permet de montrer l'innéité de la pitié: Les bêtes aussi l'ont en partage.( p.212)

 

1) la pitié.

- Action de la pitié: Elle tempère l'ardeur que le sauvage peut avoir pour son bien être.

- 2 aspects de ce bien être:

             L'amour propre.( déjà décrit comme féroce )

             L'amour de soi.

Une même action de la pitié sur ces deux aspects: la pitié adoucit.

Cependant il y a une chronologie dans l'action de la pitié sur ces deux aspects parce qu'il y a chronologie dans l'existence de ces deux aspects: " adoucir (...) la férocité de son amour propre, ou le désir de se conserver avant la naissance de cet amour."

- L'amour de soi est naturel, la pitié aussi.

On peut trouver une explication de la pitié, une possibilité d'en rendre raison sans supposer un principe nouveau: il " concourt à la conservation mutuelle de l'espèce."

la pitié ne détruit pas l'amour de soi, elle le modère simplement Cf. exemple p.198: le sauvage robuste ne vole pas la nourriture d'un vieillard, s'il peut lui même s'en procurer ailleurs.

            Statut de la pitié: Elle est pour R la seule loi naturelle:

Opposition à ce qu'on nomme au XVIIIème siècle la loi naturelle: celle à laquelle on fait appel pour juger de la justice ou de l'injustice d'un acte, et qui se base sur la raison.

La pitié est antérieure à toute réflexion. On peut en rendre compte par la seule conservation de l'espèce

Economie théorique, donc supériorité de Rousseau sur ses prédécesseur.

Seul Hobbes avait comme Rousseau refusé d'admettre la loi naturelle que rien ne laisse supposer mais il n'avait pas tiré toutes les conséquences de cette absence, et avait omis l'existence de ce qui existe sans conteste.

Rousseau ne suppose qu'un principe qui lui est constatable: la tendance de toute espèce à se conserver et en déduit deux principes :

se conserver soi et conserver l'espèce.

- Efficacité de la pitié : moteur actif. A mettre en // avec l'inefficacité de la raison

" avec toute leur morale les hommes n'eussent jamais été que des monstres si la nature ne leur eut donné la pitié à l'appui de la raison " p.213

et P. 215 : " il y a longtemps que le genre humain ne serait plus si sa conservation n'eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent. "

- Fécondité de la pitié : est à la source des valeurs ultérieures:

" de cette qualités découlent toutes les vertu sociales " p.213.

             D'où chez Rousseau une misologie qui a pour cause l'autre aspect du bien être que tempère la pitié: L'amour propre.

 

2) l'amour propre.

- Distinction en note de l'amour propre et de l'amour de soi:

            Amour de soi = instinct de conservation, naturel et bon.

            Amour propre " prend sa source dans des comparaisons "

L'amour propre est impossible à l'état de nature car l'homme est seul spectateur, seul juge de son propre mérite,

C'est ce que montre la distinction entre le mal et l'offense ( note ): Il peut y avoir violence sans offense.

L'offense ne réside pas dans le mal subit, c'est considérer dans l'autre une volonté de nuire et un mépris de la personne, il ne s'agit plus d'un fait mais de l'interprétation d'un fait.

le sauvage ne voit dans le mal subit qu'un événement aussi innocent qu'un événement naturel, qu'il subit " sans autre passion que la douleur ou la joie d'un bon ou mauvais succès." note p 212

Pour faire de cela une offense il faut une comparaison avec autrui et un retour sur soi, il faut donc une raison et une réflexion.

" c'est la raison qui engendre l'amour propre et c'est la réflexion qui le fortifie "

            => Critique du raisonneur, de celui qui relativise le mal.

Ce que fait le raisonneur: il élève à l'universel et refuse de laisser parler son instinct:

"il n'y a que les troubles de la société entière ..." 214

- Ce que représente ici le raisonnement: un masque de l'égoïsme:

" par elle il dit en secret: péris si tu veux, je suis en sûreté."

Conclusion très ironique: " le sauvage n'a pas cet admirable talent " 214

Cf. E. Borne et le dilettantisme: raisonnement qui par relativisation du mal refuse de participer à l'angoisse instinctive que l'on ressent face au mal.

Attention: il n'y a pas de misologie chez R.: la raison est aussi ce qui permet de connaître le bien.

 

 

 

3) conclusion: Retour au calme des passions:

La différence entre l'amour propre et l'amour de soi permet de comprendre la différence entre les passions de l'homme à l'état de nature et celles de l'homme à l'état civil.

Il y a à l'état de nature un calme des passions parce qu'il n'y a pas de regard sur soi: Ainsi le mal se limite à la seule réalité du dommage, et il n'y a contagion de la violence, une violence

n'entraîne pas comme dans l'état civil une violence encore plus grande qui généralise le mal. " Ils regardaient les violences qu'ils pouvaient essuyer comme un mal facile à réparer et non comme une injure qu'il faut punir, et qu'ils ne songeaient même pas à la vengeance." p.215

D'une certaine façon le mal est neutralisé dans son expansion.

 

D/ La paix à l'état de nature:

à p. " Concluons qu'errant dans les forêts sans industrie "

 

            1) Distinction de l'amour et du désir.

            Une objection à la paix dans l'état de nature: l'instinct sexuel.

Rousseau distingue le moral et le physique dans l'amour:

La plus grande différence est, du point de vue moral une élection de l'objet du désir, dans l'état de nature l'objet du désir est indifférent: " Toute femme est bonne pour lui " p. 216

La préférence au contraire accroît l'énergie mise en oeuvre parce qu'elle la concentre.

- L'amour moral et la préférence ne peuvent naître que dans la société car cette idée naît d'une comparaison dont nous avons vu que l'homme à l'état de nature n'était pas capable.

- Le sentiment amoureux est donc factice, et correspond dans son entretient à une ruse féminine pour usurper un pouvoir. " célébré par les femmes pour établir leur empire et rendre dominant le sexe qui devrait obéir " p.216

L'amour dans la nature est paisible justement parce qu'il se borne au seul aspect physique.

L'amour que l'on dit passion sauvage et naturelle n'a donc rien de naturelle.

Tout ce sur quoi il est basé consiste en une évaluation, et une valorisation selon certains critères. Or ces critères sont sociaux même la beauté que l'on dit directement agissante sur les sens est fonction de normes sociales.

- Comme toutes les passions la sexualité est ramenée à sa seule expression naturelle épurée de toutes ses excroissances sociales.

 

2) Réponse à une objection.

             Objection sous entendue : violence des combats entre mâles dans la nature.

- Réponse à l'objection: cette violence est due à la pénurie de femelles.

Pénurie en nombre d'individus.

Pénurie découlant d'une périodicité dans la reproduction.

Mais pour l'homme il y a heureusement plus de femelles que de mâles et en plus l'espèce humaine n'a pas de période exclusive de reproduction. « Or aucun de ces deux cas n’est applicable à l’espèce humaine où le nombre des femelles surpasse généralement celui des mâles »

Les seules cause de violence dues à l'amour sont : l'honneur (autre mot de l'amour propre ) « la jalousie des amants et la vengeance des époux causent chaque jour des duels, des meurtres » ou les lois de devoir, de fidélité qui ne sert qu’à faire des adultères, , et « multiplient les avortements »

 

 Conclusion sur la description de l'homme à l'état de nature.

 

 Conclusion toute négative de la p. 218: l'homme à l'état de nature constitue l'homme à l'état civil abstraction faite de tout ce qui fait sa sociabilité : stagnation de l'intelligence et des besoins, stagnation aussi du regard sur soi, du jugement de valeur ( de la vanité ).  « sans industrie, sans parole, sans domicile, sans guerre, et sans liaisons, sans nul besoin de ses semblables, comme sans nul désir de leur nuire »

Stabilité de cet état: aucune transmission de connaissance presque impossibles à acquérir => Innocence: l’espèce était déjà vieille, et l’homme restait toujours enfant.

Passage sur la nécessité de considérer l'homme à l'état de nature:

Montrer que l'inégalité n'est pas enracinée dans l'état de nature.

=> Il faut relativiser et la réalité et l'influence de l'inégalité dans cet état: l’inégalité, même naturelle, est loin d’avoir dans cet état autant de réalité et d’influence

 

            1) Relativisation de la réalité de l'inégalité.

à haut de la page 219.

- Rousseau conteste l'existence d'inégalités naturelles: plusieurs passent pour naturelles qui sont uniquement l’ouvrage de l’habitude  la plupart sont en fait des inégalités sociales, fruit de l'éducation:

La robustesse du corps comme la force de l'esprit viennent surtout de l'éducation. l’éducation met la différence entre les esprits cultivés et ceux qui ne le sont pas

- Plus important encore la société apparaît comme un accumulateur

d'inégalités, par la diversité d'éducation.

            Or cette diversité est grande dans les sociétés alors qu'à l'état de nature l'uniformité règne à ce niveau. « un géant et un nain marchent sur la même route, chaque pas qu’ils feront l’un et l’autre donnera un nouvel avantage au géant »

- L'inégalité naturelle peut se réduire souvent à une inégalité sociale, et même lorsque ce n'est pas le cas, c'est à dire en présence d'une inégalité naturelle, la société est responsable de son ampleur. combien l’inégalité naturelle doit augmenter dans l’espèce humaine par l’inégalité d’institution.

 

            2) Influence de l'inégalité:

Procédé propre à Rousseau: Contester un argument, ensuite l'admettre et montrer que son admission ne change rien.

Raison du peu d'influence d'une inégalité naturelle supposée: l'absence de relation.

- Beauté sans importance parce que sentiment acquis Là où il n’y a point d’amour, de quoi servira la beauté ?

- Acquisition également de la ruse. Que sert l’esprit à des gens qui ne parlent point, et la ruse à ceux qui n’ont point d’affaires ?

Rousseau veut montrer que la conséquence la plus grave de l'inégalité: l'oppression est impensable à l'état de nature.

            Moyen: Montrer qu'il n'y a pas de conséquence nécessaire entre un rapport de force et une oppression:

- De l'inégalité à la perte de liberté la conséquence n'est pas bonne

* 1ère imposs. de servitude:

Absence de propriété: quelles pourront être les chaînes de la dépendance parmi des hommes qui ne possèdent rien ?

Or dans l'état de nature les possessions sont circonstancielles, l'habitat est toujours renouvelable.

* 2ème impossibilité:

L'homme est seul, le rapport de dominant à dominé serait un rapport d'homme à homme. Il faudrait alors pour une oppression durable un mélange de force et de perversité qui n'aboutirait qu'à un mauvais calcul.

En supposant cependant ce fait la solitude et les conditions extérieures empêchent le maintien de l'oppression: Je fais vingt pas dans la forêt, mes fers sont brisés, et il ne me revoit de sa vie.

 

 

Condition nécessaire à l'oppression: que les hommes aient besoin les uns des autres: l'esclave pour être asservi doit avoir besoin du maître. les liens de la servitude n’étant formés que de la dépendance mutuelle

Par la considération de l'influence nulle de l'inégalité à l'état de nature Rousseau démonte la justification naturelle de l'oppression par la loi du plus fort. ( Rousseau en fera une autre démonstration dans le contrat social L.I, ch.III )

Formulation de la loi du plus fort: Si le fort domine le faible dans la nature il est légitime qu'il le domine dans la société, c'est " la loi de la nature " Mais s'il est vrai que l'on peut trouver une hiérarchie fort-faible dans la nature, cette hiérarchie est sans effet durable sur la liberté, elle ne peut être qu'une domination ponctuelle, en aucun cas une oppression. La conclusion de tout ce livre concernant l'état de nature c'est qu'il est impossible que l'inégalité ait une origine naturelle: l'inégalité a une origine purement sociale: " Après avoir prouvé que l’inégalité est à peine sensible dans l’état de nature, et que son influence y est presque nulle." ( bas p.220 ).

 

3) La question de l’origine de l’inégalité peut désormais se poser

Rousseau a montré le caractère hasardeux du développement humain, et le caractère artificiel de l’inégalité, il peut maintenant aborder la question de l’origine de façon directe. ; il me reste à considérer et à rapprocher les différents hasards qui ont pu perfectionner la raison humaine, en détériorant l’espèce, rendre un être méchant en le rendant sociable,

Rousseau rappelle alors le caractère conjectural de sa méthode.

 

 

DEUXIEME PARTIE

 

INTRODUCTION

 

Un paragraphe d'introduction:

Une affirmation: La propriété est le véritable fondement de la société civile. « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. »

L’invention de la propriété demande des idées et des relations entre les idées, Il faut posséder tout ce que Rousseau a refusé jusque là à l'homme à l'état de nature: le progrès et la transmission des connaissances. C'est ce fait qu'il faut d'abord expliquer.

             Statut de la propriété:

On pourrait croire en une critique radicale de la propriété: « Que de crimes, de guerres, de meurtres, »

 Le premier accès à la propriété est dramatisé comme un péché originel ou une boite de Pandore.

Rousseau reconnaît cependant ailleurs la légitimité du droit de propriété: " Il est certain que le droit de propriété est le plus sacré de tous les droits des citoyens, et plus important à certains égards que la liberté même " économie politique

C'est que la propriété est un droit à l'intérieur de la société civile, il en est même le fondement

A l'état de nature un tel droit est inexistant , les seules lois sont celles de la conservation et de la pitié: " faire mon bien avec le moins de mal pour autrui qu'il m'est possible " assurer ma subsistance sans nuire à la possibilité pour autrui de subvenir à la sienne, ce qui se traduit par exemple par le fait de ne pas faire trop de provision ( les fruits sont à tous ) et par le fait de ne pas interdire un endroit fertile ou un passage:

La terre n'est à personne ( objection possible non présentée par Rousseau du territoire , mais un territoire se limite au besoin il n'est pas une propriété mais le champ d'extension du seul besoin).

Après cette digression retour à la genèse de l'inégalité en partant de l'état de nature.

 

I NAISSANCE DE LA SOCIETE SAUVAGE

à " La métallurgie et l'agriculture ..."

 

A 1ère évolution technique

à " cette application réitérée des êtres divers à lui même "

 

-          Retour de la situation à l'état de nature résumé des résultats considérés:

Toute les conditions d'1 forme de société sont éliminées: la terre est généreuse: « Les productions de la terre lui fournissaient tous les secours nécessaires » la nécessité de la perpétuation n'impliquent aucun échange durable.

L'homme est donc un animal borné, qui ne fait que sentir.

Développement du corps, usage d'armes naturelles Les armes naturelles, qui sont les branches d’arbre et les pierres se trouvèrent bientôt sous sa main

Opposition à l'outil ou à l'arme fabriqué qui suppose des idées.

- Arrivée d'un élément très important: Le genre humain s'étend. À mesure que le genre humain s’étendit, les peines se multiplièrent avec les hommes.

Deux sens du verbe s'étendre: se multiplier mais aussi s'étendre géographiquement.

Le fait même que les hommes aient tout pour vivre et que l'espèce soit viable => croissance démographique => rencontres plus fréquentes, => nécessité de s'étendre même aux territoires

hostiles.

- Intervention également du hasard: exceptions climatiques: " des années stériles, des hivers longs et rudes, des étés brûlants "  1ère industrie, le feu.

C'est un premier changement fondamental, il ne s'agit plus de vivre immédiatement du produit de la nature, d'être un simple consommateur, distance entre le besoin et la satisfaction, transformation de la nature.  Les armes ne sont plus naturelles, elles sont fabriquées.

 

B Evolution psychologique.

à " Les premiers développements du coeur "

 

1)  Développement de la raison et de la conscience de soi           

La comparaison avec les animaux et les autres hommes introduisent une première profondeur psychologique : les perceptions de certains rapports  (…)produisirent enfin chez lui quelque sorte de réflexion

La connaissance même de la supériorité de l’homme dans la chaîne alimentaire lui apporte un avantage : Les nouvelles lumières(…)augmentèrent sa supériorité sur les autres animaux, en la lui faisant connaître.

 

 

2/ Naissance embryonnaire de l'amour propre.

Les premières comparaisons ont une nécessité vitale. Mais le mouvement comparatif ne va pas s’arrêter à la seule détermination d’un avantage concurerntiel pour la survie d’où la naissance de l'orgueil: " Le premier regard qu'il porta sur lui même y produisit le premier sentiment d'orgueil." p.224

L'homme constate sa supériorité sur les autres animaux . cette comparaison inaugure un schéma mental qu'il reproduira entre lui et les autres hommes. se contemplant au premier par son espèce, il se préparait de loin à y prétendre par son individu.

Vision de Rousseau qui a trouvé avant  l'anthropologie une même origine à l'idée de supériorité humaine et au racisme: " c'est en quelque sorte d'une même foulée que l'homme a commencé à tracer les frontières entre lui et les autres espèces vivantes, et s'est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l'espèce humaine séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines, d'autres catégories qui subissent alors une dégradation sur le même modèle qui servait à discriminer entre espèces vivantes humaines et non humaines. " Lévi Strauss

Cependant au début, l'homme n'a pas un statut différent des autres animaux ( la perception d'autrui comme un autre moi même est loin d'être immédiate, exige des comparaisons ). Ce qui fonde l'idée qu'autrui est semblable c'est la similitude de réaction et dans un but uniquement pratique. la question qui se pose est: quelle attitude à adopter envers cet animal qui a les mêmes pouvoirs que moi ?

 

3/Ebauche de relations:

1 seul principe: l’amour du bien-être est le seul mobile des actions humaines, . Rapport à l’autre selon le seul aspect de l’intérêt. Il se trouva en état de distinguer les occasions rares où l'intérêt commun devait le faire compter sur l'assistance de ses semblables, et celles plus rares encore où la concurrence devait le faire défier d'eux."

Les rencontres sont sporadiques et dictées seulement par l’intérêt, mais elles produisent un changement

- Ebauche de socialisation par quelque idée grossière des engagements mutuels, et de l’avantage de les remplir

Rousseau relativise cet engagement, il n’a aucun aspect moral, et si dans chasse une opportunité individuelle se présente Il est douteux qu’ayant atteint sa proie il ne se souciât fort peu de faire manquer la leur à ses compagnons

-  Proto langage Cette relation épisodique et embryonnaire développe Des cris inarticulés, beaucoup de gestes et quelques bruits imitatifs

Le changement dut être insensilble car très lent Je parcours comme un trait des multitudes de siècles 

- Naissance d’une industrit paléolithique , on trouva quelques sortes de haches de pierres dures et tranchantes,

on trouva quelques sortes de haches de pierres dures et tranchantes, on trouva quelques sortes de haches de pierres dures et tranchantes,

Famille embyonnaire et socialisation progressive l’établissement et la distinction des familles, et qui introduisit une sorte de propriété Cela pose déjà des difficultés ; d’où peut-être naquirent déjà bien des querelles et des combats.

Cet état est pourtant assez stable, moins par la moralité des individus, que par le manque d’intérêt d’une éventuelle domination elle lui était inutile et qu’il ne pouvait s’en emparer, sans s’exposer à un combat très vif

 

C Evolution sociale

à " La métallurgie et l'agriculture "

 

1/ Les premiers changements sociaux.

 La famille : fruit de l’habitude l’habitude de vivre ensemble fit naître les plus doux sentiments qui soient connus des hommes, l’amour conjugal, et l’amour paternel

Les familles deviennent des mini sociétés mais la liberté en étaient les seuls liens

Un début de division sexuelle du travail Les femmes devinrent plus sédentaires et s’accoutumèrent à garder la cabane (…)l’homme allait chercher la subsistance commune.

L’oisiveté donna l’occasion de se procurer plusieurs sortes de commodités toujours ambibalence : ce fut là le premier joug qu’ils s’imposèrent Rousseau introduit là une critique générale du superflu et du luxe : la privation en devint beaucoup plus cruelle que la possession n’en était douce

 

2/ La première société.

- Une culture

Un développement accidentel du langage  un isolement d’un groupe et sa réunion ultérieur à l’ensemble il est probable par exemple  que des insulaires aient porté parmi nous l’usage de la parole :

Sil ne peut s'agir d'une civilisation il s'agit déjà d'une culture: avec des coutumes des politesses, des fêtes des parures, des arts des outils et des armes. une nation particulière, unie de mœurs et de caractères, non par des règlements et des lois,

Tout commence à changer de face

 

- L'inégalité

Cependant également du premier pas vers l'inégalité: A l'état de nature les hommes sont incomparables, au sein d'un groupe ils le deviennent: . On s’accoutume (…) à faire des comparaisons ; - Ce qui donne lieu à cette première inégalité sont deux phénomènes: La passion et l'art.

L’amour n’est plus un sentiment naturel, il se teinte de préférences de comparaisons : la jalousie s’éveille avec l’amour ; la discorde triomphe et la plus douce des passions reçoit des sacrifices de sang humain.

La fête cristallise les passions amoureuses et focalise les regards des uns sur les autres : le chant et la danse, vrais enfants de l’amour et du loisir, devinrent l’amusement Mais ces fêtes font les comparaisons plus fréquentes : Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix

C’est cette sociabilité minimale généralisant les regard mutuel et les comparaisons qui est la génèse de l’amour propre Sitôt que (…) l’idée de la considération fut formée dans leur esprit, (…), et il ne fut plus possible d’en manquer impunément pour personne

Le mal ne se limite plus à lui même il se double d'une interprétation de ce mal en terme de valeur, et cette interprétation est elle même double: interprétation du mal comme d'un mépris, c'est ce qui distingue le tort subi de l'outrage, et interprétation d'une action en rapport avec le cas qu'on fait de soi.

Là commence la contagion possible de la violence car la vengeance n'est pas proportionnelle au mal subi, qui lui est toujours réparable mais relative aux égards dus à sa dignité ce qui est à la fois difficilement évaluable.

C’est ainsi que chacun punissant le mépris qu’on lui avait témoigné d’une manière proportionnée au cas qu’il faisait de lui-même, les vengeances devinrent terrible

A mettre en // avec la simplicité de la violence à l'état de nature:" Ils regardaient les violences qu'ils pouvaient essuyer comme un mal facile à réparer et non comme une injure qu'il faut punir, et qu'ils ne songeaient même pas à la vengeance." p.215

Plusieurs remarques à propos des querelles:

- La cruauté ne vient pas d'une absence de civilité: ces hommes ne sont pas cruels parce qu'ils sont proches de l'état originaires mais au contraire parce qu'ils en sont déjà très éloignés.

C’est bien cette confusion que Rousseau reproche à ses contemporains qui « croient peindre l’homme sauvage et peignent l’homme civil » C’est aussi une erreur anthropologique que Rousseau leur reproche : ils ont vu dans les peuples connus des « sauvages » alors que Rousseau comprend qu’ils sont déjà civilisés, et cruels parfois pour cela les hommes sanguinaires et cruels. Voilà précisément le degré où étaient parvenus la plupart des peuples sauvages qui nous sont connus 

- La violence n'est cependant pas la guerre, la violence restait individuelle et il n'y avait pas de brigandage lié à la propriété du sol.

 

Conclusion sur la société des cabanes: la véritable jeunesse de

l'homme: .

- Il s'agit d'abord d'un état d'équilibre: " juste milieu entre l'indolence de l'état primitif et la pétulante activité de notre amour propre ". (229) Nous ne sommes pas dans l'enfance aliénante de l'animal qui, dit Rousseau dans une lettre à Chrisophe de Beaumont " borné au seul instinct physique est nul et bête. " nous sommes en quelque sorte dans l'adolescence de l'humanité, " l'époque la plus heureuse et la plus durable. ", c'est l'état où " ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature. "

Rousseau disait dans le Préambule " Il y a je le sens, un âge auquel l'homme individuel voudrait s'arrêter " P.169. C'est sans conteste à cet âge que Rousseau pense qu'on pourrait vouloir être arrêté.

 

Quelque chose va venir perturber ce bonheur et R nous le signale en nous donnant la condition de la stabilité de cet état: Ils ne connaissent pas le travail.

Certes " ils cousent leurs habits de peaux, perfectionnent des arcs, taillent des canots " mais il ne s'agit pas vraiment de travail ce sont des " ouvrages ". Si ces ouvrages ne sont pas des travaux, c'est " qu'ils n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains. "

Même si les hommes coopèrent ils n'ont pas besoin les uns des autres, ils restent indépendants.

Leur communauté est fondée sur la fête et l'art et non sur la dépendance économique ou la soumission légale. L'activité sera servitude et misère lorsque le sol aura été approprié, lorsque certains métiers spécialisés se seront détachés de la communauté, lorsque le blé produit par le

laboureur nourrira le guerrier oisif.

 

 

II/ LES DEBUTS DE LA SOCIETE POLITIQUE.

à" Il n'est pas possible que les hommes... " p. 218.

 

A/ L'agriculture et la métallurgie.

à Voilà donc toutes nos facultés développées.

 

Invention dramatisée comme l'était la propriété: " ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain " Pas de connaissance précise concernant leur origine mais des conjectures possible et probables. Mais l'important est surtout de montrer que ces inventions sont contingentes et qu'en plus elles auraient pu être faites l'une sans l'autre sans entraîner de bouleversement trop important.

La grande catastrophe a été produite par la réaction de l'une sur l'autre.

- La métallurgie: elle est une énigme, et Rousseau l'a rendue la plus difficile possible

( Révolution néolithique )

- L'agriculture: Elle semble naturelle elle ne pose pas, comme la métallurgie, de problème pour que la connaissance en soit acquise, ce qui pose problème c'est plutôt le fait que les hommes s'y soient astreint: " le principe en fut connu longtemps avant que la pratique en fut établie." p.214. (233)

Ce qui empêche cette pratique:

Un ensemble de conditions de vie ( abondance de la nature... ) Absence de moyens techniques

Mais surtout des conditions psychologiques: La paresse et l'imprévoyance. soit faute d’instruments pour le cultiver, soit faute de prévoyance pour le besoin à venir, soit enfin faute de moyens pour empêcher les autres de s’approprier le fruit de leur travail

L'agriculture n'est donc pas naturelle, il faut d'autres conditions pour que l'agriculture s'impose comme une technique: "

l'invention des autres arts fut donc nécessaire pour forcer le genre humain de s'appliquer à celui de l'agriculture. " p. 215

            En effet ce que l'agriculture rend possible c'est " qu'un seul ait des provisions pour deux " p. 213.

Mais ce qui rend cela nécessaire ce sont d'autres conditions.

Ces conditions ce sont l'emploi d'une partie de la population au travail des métaux, ce qui augmente le nombre d'individus incapables de rechercher eux mêmes leur subsistance.

Apparition alors d'un nouveau droit, droit qui s'établit sur la propriété. Là l'égalité est rompue par les différences de profession qui amènent des différences de classe. De la culture des terres s’ensuivit nécessairement leur partage, et de la propriété

C’est seulement dans ce contexte que l’inégalité doit pouvoir se développer. Dans ce contexte seul la différence de talent fait la différence de statut : le plus fort faisait plus d’ouvrage ; le plus adroit tirait meilleur parti du sien ; le plus ingénieux trouvait des moyens d’abréger le travail.  Dans ce contexte seul, et en fonction des situations il put y avoir une réelle inégalité économique  : le laboureur avait plus besoin de fer, ou le forgeron plus besoin de blé, et en travaillant également, l’un gagnait beaucoup tandis que l’autre avait peine à vivre

 

B/ Le dernier terme de l'état de nature.

à" Il n'est pas possible que les hommes... " p. 218.

 

- L'homme est psychologiquement moderne la mémoire et l’imagination en jeu, l’amour-propre intéressé, la raison rendue active

- les comparaisons sont actives. le rang et le sort de chaque homme établi, (..)sur la quantité des biens et le pouvoir de servir ou de nuire, mais sur l’esprit, la beauté, la force ou l’adresse, sur le mérite ou les talents

Les hommes sont alors en interdépendance: " riche il a besoin de leurs services, pauvre de leur secours." p.216 235.

Là est l'état de guerre décrit par Hobbes. C’est bien l’amour propre né des nouvelles situations qui en est la cause : l’ambition dévorante, l’ardeur d’élever sa fortune relative, moins par un véritable besoin que pour se mettre au-dessus des autres, inspire à tous les hommes un noir penchant à se nuire mutuellement l'inégalité se nourrit d'elle même et touche aussi bien les victimes que ceux qui semblent en profiter.

C’est là aussi, avec la propriété que naît la volonté de domination Les riches de leur côté connurent à peine le plaisir de dominer, qu’ils dédaignèrent bientôt tous les autres, et se servant de leurs anciens esclaves pour en soumettre de nouveaux, ils ne songèrent qu’à subjuguer et asservir leurs voisins 

 Les uns connaissent la domination ou la servitude, les autres la violence ou les rapines.

- La violence vient bien sûr des riches: L'extension des propriétés amènent une domination factuelle qui, une fois connue amène le désir de son expansion, critique très dure chez Rousseau de la volonté de domination.

- Elle vient aussi des pauvres, exclus du partage qui se disent qu'ils pourraient prendre par la violence ce que le hasard ne leur a pas apporté.

On est là dans le pire état de guerre, avec les "usurpations des riches et les brigandages des pauvres".

C’est cette étape de développement, tardif on le voit, que Hobbes a confondu avec l’etat de guerre : ). La société naissante fit place au plus horrible état de guerre Il ne s'agit pas d'un état de guerre à proprement parler: pas instituée. Si R la nomme ainsi c'est pour montrer que cette violence est radicalement différente que celle existant précédemment: différente par sa cruauté et son ampleur.

C'est cette situation qui est invivable: "le genre humain se mit lui même à la veille de sa ruine. 218 (237)

 

III LE FONDEMENT DE LA SOCIETE

à " Si nous suivons le progrès de l'inégalité "p. 228

 

A) Le pacte social

à « Le droit civil étant ainsi devenu... »

 

Changement de situation: L'état ne pouvait plus rester tel qu'il est surtout pour les riches. Les riches surtout durent bientôt sentir combien leur était désavantageuse une guerre perpétuelle dont ils faisaient seuls tous les frais dont les propriétés ne sont qu’ usurpations

Leur fragilité vient de leure origine : « acquises que par la force, la force pouvait les leur ôter »

En passant Rousseau attaque la propriété dans cet état: Il attaque la l

- Illégitime: Même si quelqu'un produit quelque chose il le fait sur un sol qui ne lui appartient pas : « j’ai gagné ce terrain par mon travail. Qui vous a donné les alignements, leur pouvait-on répondre, »

- Egoïste : « Ignorez-vous qu’une multitude de vos frères périt, ou souffre du besoin de ce que vous avez de trop »

L’instabilité de cet état implique un pacte.

Attention il ne faut pas confondre le contrat social avec le pacte social.

Comparaison du discours et du contrat:

- Le pacte du contrat social est une fiction normative, R cherche ce qui peut rendre le contrat légitime,: " Comment ce changement s'est-il fait , je l'ignore, ce qui peut le rendre légitime, je crois pouvoir répondre à cette question. " tandis que le pacte du discours est une hypothèse explicative, R cherche quel fut le premier pacte possible.

Le pacte du contrat est établi afin que les conditions soient égales pour tous.

-Le pacte du discours est une manouvre qui émanne des riches consistant à, comme le dit Pascal « justifier la force »  : , le riche, (…) conçut enfin le projet (…) , de faire ses défenseurs de ses adversaires,

Celui du discours ne fait qu'entériner une situation injuste, il s'agit " d'assurer à chacun la possession de ce qui lui appartient.

- Le pacte du discours supprime la liberté naturelle mais ne la remplace pas par la liberté politique.

- Le riche  cevante les bienfaits de l'ordre et de l'union; le but est en fait « assurer à chacun la possession de ce qui lui appartient. »  p 219

- Le pacte est une ruse parce qu'il a une apparence de justice: chacun est assuré de ce qui lui appartient, mais il est bien sur injuste car celui qui n'a rien n'a pas du tout le même  intérêt à le respecter.

( Cf. les lois "justes" au XIXè qui interdisaient au riche comme au pauvre de voler du pain ou de mendier)

Contrairement à la véritable liberté politique, ce pacte n’est qu’une servitude instituée : « Tous coururent au-devant de leurs fers croyant assurer leur liberté »

Même les sages cependant, acceptèrent ce pacte, comme un pis aller « les sages mêmes virent qu’il fallait se résoudre à sacrifier une partie de leur liberté à la conservation de l’autre »

 

Voilà l’Etat moderne, fondé sur la seule justification de la force et la résignation des sages. :

Telle fut, ou dut être, l’origine de la société et des lois, qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces au riche.  Rien à voir donc, avec les véritables lois, il s’agit de la seule instiution de privilèges : pour le profit de quelques ambitieux assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à la misère

 

Aussi Rousseau dont l'une des oeuvres principales considérera la loi comme ce qui fait la dignité de l'homme la présent ici comme ce qui donne " de nouvelles entraves au faibles et de nouvelles forces au riche " p.220.

La raison en est que cette loi n'est pas, comme dans le contrat social "un acte de la volonté générale", il s'agit simplement de sanctionner une adroite usurpation.

- ce pacte a cependant des bienfaits et même les sages, ce qui savent qu'il s'agit d'une usurpation y consentent, mais comme d'un pis aller, rien n'est pire que la barbarie totale.

 

B La violence.

à " Je sais que plusieurs ont donné d'autres origines "

 

Le genre humain s’est étudu, la loi de nature n’existe plus ou alors qu’entre les diverses sociétés

Ce pendant le pacte social n'a pas éliminé la violence en éliminant le brigandage généralisé. Il a obligé l'union de tous les autres, et s'est ainsi crée un rapport d'états à états.

Voici le moment de la guerre , la vraie, et le dévoiement moral qui l’accompagne : Les plus honnêtes gens apprirent à compter parmi leurs devoirs celui d’égorger leurs semblables 

 

Les causes de la guerre : une absence d'autorité supérieure, une absence de limite à l'état.

Récapitulation sur la violence

1 dans l'état de nature de très rares rencontres peuvent produire des violence ponctuelles.

2 Dans la société des cabanes l'inégalité née des comparaisons font naître des querelles d'amour propre  qui restent épisodiques

3 Après l'appropriation des sols et la constitution de bandes armées, " les usurpations des riches, les brigandages des pauvres, les passions effrénées de tous "  produisent un état de violence généralisée: " la société naissante fit place au plus horrible état de guerre.

4 Les guerres ravagent

Rousseau fait ensuite un hommage aux cosmopolitisme. Ce qui semble étrange car il fustigea ceux qui n'aiment étranger que pour se dispenser d'aimer leur pays.

Mais chez R. il y a d'un côté le citoyen et l'homme libre. L'homme libre est citoyen du monde, peut lui importe où il vit et tout homme est un frère pour lui. mais le citoyen appartient à une patrie.

 

C/ Le fondement de la société

 

1/ Examen d'autres origines rejetées par Rousseau :

Rejet de deux fondements: les conquêtes du plus puissant ou l’union des faibles en 3 points  

- Le premier concerne la légitimité logique :  le droit de conquête n’étant point un droit n’en a pu fonder aucun autre,

- Le second l’équivocité des termes : ces mots de fort et de faible sont équivoques. Le sens serait est mieux rendu par ceux de pauvre et de riche.

Le discours sur la Force est fréquent (La Fontaine par exemple) Il valorise et masque des rapports économiques.

 Le 3ème est logique : Quel avantage auraient pu avoir les faible à s’ôter leur liberté d’action par des règles ? : " C'est été une grande folie de s'ôter volontairement le seul bien qui leur restait pour ne rien gagner en échange." p. 221

 

2/ L'instauration des lois.

l'Imperfection du fondemen que les lois soient des lois palliative, elles ne cherchaient pas à fonder mais " à remédier aux inconvénients à mesure qu'ils se présentaient".

La véritable imperfection de la législation a pour cause le fait qu'à sa base il n'y a pas d'égalité mais la fixation de la propriété et la différence entre les riches et les pauvres. La loi ne fait donc que pallier des imperfections lorsqu'elles se présentent: " On raccommodait sans cesse alors qu'il eût fallu commencer par nettoyer l'aire et écarter tous les vieux matériaux ." p. 222. La première constitution est donc constituée par " quelques conventions générales "

Ce n’est qu’après bien des inexactions que l’on songeât à confier à des particuliers le dangereux dépôt de l’autorité publique, c’est-à-dire que l’on dût se donner des chefs.

 

3/ Evincement de la légitimité de l’autoritarisme:

- Le despotisme

Impensable: les homme se donnent un chef pour protéger leur liberté et leur vie, il n'est pas raisonnable de penser qu'ils lui offriront ce qu'ils veulent préserver: " n'eut-il pas été contre le bon sens de commencer par se dépouiller entre les mains d'un chef des seules chose pour la conservation desquelles ils avaient besoin de son secours."

c'est ce que dit Rousseau dans une de ses " lettres de la montagne " : "un peuple libre obéit mais il ne sert pas; il a des chefs et non pas des maîtres, il obéit aux lois mais il n'obéit qu'aux lois et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes." C'est ce que résume la citation de Pline: " si nous avons un prince c'est afin qu'il nous préserve d'avoir un maître. " les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir

D'où peut venir le préjugé d'une origine servile de la société ?

D'une habitude de la servilité, du fait que l'on voit sans cesse les hommes asservis : " je sens que ce n'est pas à des esclaves qu'il appartient de raisonner de liberté."

 

- La famille:

Certains ont fait dériver l'autorité politique de l'autorité parentale. Si Rousseau accorde bien que l'autorité parentale est naturelle il note qu'elle n'est fondée que sur la faiblesse de l'enfant et que dans le temps de cette faiblesse " le père n'est le maître de l'enfant qu'aussi longtemps que son secours lui est nécessaire." p.224

Mais toute relation politique est une relation entre adultes on ne peut donc passer de l'autorité  parentale à l'autorité politique..

 

- La soumission volontaire

Allusion a Pufendorf qui tente de légitimer la tyrannie par une aliénation volontaire de sa liberté, une sorte de contrat.
Absurdité dit Rousseau, d’un contrat
qui ne tournerait qu’au préjudice de celui qui s’engage.

Puffendorf suppose qu’on dispose de sa liberté comme d’une propriété, Rousseau montre la différence : le droit de propriété n’étant que de convention alinables donc, pas des dons essentiels de la nature, tels que la vie et la liberté

Donc ce serait une offense à la raison de se dépouiller de ces biens.

A supposer même que cela soit possible, il serait inadmissible qu’un tel contrat s’hérite. La liberté des enfants n’appartient pas aux parents leurs parents n’ont eu aucun droit de les en dépouiller

Conclusion sur l'établissement du corps politique:

Non pas un pouvoir arbtraire qui n’est qu’une corruption du pouvoir politique mais un un vrai contrat entre le peuple et les chefs qu’il se choisit,

 

D) LA PROGRESSION HISTORIQUE DE L’INEGALITE

Tableau descriptif autant qu'hypothétique de  la dégradation sociale.

 

1) La fragilité du contrat

Tant qu’il n’y a pas de pouvoir supérieur qui garantisse le contrat, les chefs peuvent en abuser, et le peuple renier les chefs le peuple, qui paye toutes les fautes des chefs, devrait avoir le droit de renoncer à la dépendance

Cette fragilité a conduit à fonder le pouvoir sur une autorité supérieure. Etrange homme de la religion chez Rousseau : elle valide l’injustice d’un pouvoir mais épargne les violences de la dissension, on est proche de Pascal : il était nécessaire au repos public que la volonté divine intervînt pour donner à l’autorité souveraine un caractère sacré et inviolable qui ôtât aux sujets le funeste droit d’en disposer.

 

2) Dégradation des magistratures éléctives en Etats héréditaires

La dégradation consiste, de la part des chefs, à oublier qu’ils ne sont que les officiers du pouvoir : les chefs devenus héréditaires s’accoutumèrent à regarder leur magistrature comme un bien de famille, à se regarder eux-mêmes comme les propriétaires de l’État

Imporant résumé de l’évolution de l’inégalité :

l’établissement de la loi et du droit de propriété fut son premier terme ; l’institution de la magistrature le second, que le troisième et dernier fut le changement du pouvoir légitime en pouvoir arbitraire

 

3 Extension sociale de l’inégalité

L’observation de ce paragraphe ne concerne plus l’histoire, mais toutes les sociétés « modernes »

Le même mouvement de corruption qui a atteint le pouvoir va atteindre tout le corps social L’inégalité, croissant entre le peuple et ses chefs, se fait bientôt sentir parmi les particuliers

Comme déjà l’avait montré La Boetie, le meilleur moyen d’asservir les peuples c’est de leur donner la possibilité de tyranniser : qu’ils consentent à porter des fers pour en pouvoir donner à leur tour. Un grand nombre d’asservis doivent leur servitude à leur volonté de dominer : Il est très difficile de réduire à l’obéissance celui qui ne cherche point à commander

Dans une tentative de synthèse, Rousseau tente une réduction de toutes les inégalités (rang mérites etc. la richesse est la dernière à laquelle elles se réduisent à la fin, parce (…), on s’en sert aisément pour acheter tout le reste

Le désir de richesse n’est lui-même que le dérivé d’un désir issu de l’amour propre de réputation, d’honneurs et de préférences. C’est un désir ambivalent, mais pas globalement négatif : on lui doit multitude de mauvaises choses sur un petit nombre de bonnes.

Rousseau analyse une particularité du désir : il se nourrit de comparaison. Si il y a un tel écart entre les riches et les pauvres c’est que les premiers n’estiment les choses dont ils jouissent qu’autant que les autres en sont privés

 

La description devient ensuite celle des formes de l’inégalité dans une logique accumulative : l’on dévoilerait toutes les faces différentes sous lesquelles l’inégalité s’est montrée jusqu’à ce jour

 

5) Dernière description du progrès de l’inégalité : le despotisme

le despotisme, (…), parviendrait enfin à fouler aux pieds les lois et le peuple, et à s’établir sur les ruines de la république

 

CONCLUSION

Le premier enseignement est que l’homme change : Il sentira que le genre humain d’un âge n’étant pas le genre humain d’un autre âge. Les capacités changent, mais aussi les désirs. Ce qui semble à Rousseau le plus saillant est tout de même l’importance de l’intériorisation du regard des  autres le sauvage vit en lui-même ; l’homme sociable toujours hors de lui ne fait vivre que dans l’opinion des autres

 

Cette analyse conduit à une condamnation sans appel de l’inégalité : il est manifestement contre la Loi de Nature, (….) qu’une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.