Distinguez l’intelligence de la réflexion en vous aidant d’une image platonicienne
L’intelligence est la faculté de comprendre, de prendre avec, c’est-à-dire d’intégrer une réalité étrangère dans une structure
déterminée.
L’intelligence ainsi entendue est une puissance qui peut-être variable en fonction des individus, de même il peut y avoir plusieurs types d’intelligences : une personne ayant une
intelligence mathématique peut avoir un grand manque d’intelligence émotionnelle.
Il demeure que l’intelligence reste dans le cadre de l’aptitude, voire de la performance intellectuelle, et je peux
difficilement reprocher à quelqu’un de ne pas être intelligent.
En revanche il semble qu’il soit possible de lui reprocher de ne pas avoir réfléchi. La reflexion serait alors non de l’ordre de l’aptitude mais de l’ordre de l’acte.
C’est ce que semble vouloir signifier Platon lorsqu’il cherche à montrer le rapport de l’intelligence à ses objets, à ce que cherche
à appréhender l’intelligence, par la métaphore du regard.
Dans un texte, extrait du dialogue Le Théétète, où il compare le philosophe et l’homme de la foule, Platon fait dire à Socrate que l’homme de la foule « n’a pas l’habitude de regarder au
milieu des airs ». On sait que dans ce même texte les airs sont la métaphore des idées, il faut donc comprendre que l’homme de la foule n’a pas l’habitude de consacrer son intelligence à
considérer les idées, qu’il a plutôt l’habitude de consacrer cette intelligence à savoir quel tort l’autre lui a fait. Platon montre bien par-là, le côté volontaire de la réflexion :
il ne dit pas de l’homme de la foule qu’il n’a pas les yeux assez perçants pour considérer les airs. Parce que de même que, quelque soit la force de nos yeux, nous regardons ce que nous voulons,
ce qui importe n’est pas la force de notre intellect, mais ce à quoi nous le consacrons.
Ainsi nous pourrions envisager des gens très intelligents qui ne réfléchissent jamais : un financier qui, par exemple, passe son temps à analyser le cours des diverses actions pour
essayer de tenter de prévoir lesquels vont augmenter, a besoin d’une compétence intellectuelle certaine. Il peut ne jamais avoir réfléchi à ce qu’était l’économie, à ce qu’étaient les échanges.