On peut considérer avec Épicure qu'un calcul permet d'éviter les désirs néfastes.
Il s'agit d'abord de considérer la possibilité de satisfaction, de subordonner le désir à la chance que l'on a de le satisfaire. C'est pour cette raison que les désirs impossibles sont à bannir : celui qui désire constamment ce qu'il ne pourra jamais avoir se voue au malheur. Par exemple celui qui se lamente son sort mortel et désire l'immortalité est certain d'être toujours insatisfait, mais celui qui, de façon plus courante, erre dans les conjectures sur ce qu'aurait été son présent si le passé avait été autre, est tout autant, sinon davantage, certain de se vouer au malheur.
Le calcul est encore pertinent lorsqu'il s'agit de s'avoir à quel désir, non pas simplement se vouer, mais s'attacher. Il est clair que si l'on s'attache à ce qu'on peut aisément perdre on risque fort de connaître la peine. C'est là que prend place la distinction entre les désirs naturels et les autres (les naturels non nécessaires et les non naturels). Épicure n'affirme pas qu'il faut se contenter uniquement des naturels nécessaires, mais qu'il est bon de s'attacher surtout à ceux là parce qu'ils ne peuvent nous être ôtés qu'en même temps que la vie "c'est un grand bien de savoir se contenter de peu, non qu'il faille toujours se contenter de peu, mais afin de le pouvoir si nous le devons".
Le calcul va également intervenir pour évaluer la solidité des objets du désirs, les chances que nous avons de conserver cet objet.
Le contraire du sage va placer son bonheur dans des objets fragiles, des affections incertaines, et ainsi se condamner au malheur, le sage va se contenter du minimum, ce qui ne va pas l'empêcher de profiter d'une bonne occasion, d'un festin par exemple, mais ce qui va faire que, même s'il n'a pas de festin, il va être content de tout simplement vivre. C'est à ce titre que le plus fidèle disciple d’Épicure, Lucrèce, rejette l'amour : d'abord parce que l'amour crée un effet d'accoutumance, on ne peut pas se passer de l'objet de l'amour, ensuite parce que c'est un objet particulièrement fragile.
Enfin la réflexion qui se rapproche le plus du calcul proprement dit est celle qui cherche le meilleur rapport entre les plaisirs et les peines. Le non sage va être capable de sacrifier un plaisir important à un plaisir dérisoire, il va, par exemple, sacrifier une relation précieuse pour le plaisir ponctuel de satisfaire sa colère. Le sage lui, connaît la hiérarchie des plaisirs, et ne va pas risquer un désagrément majeur pour un plaisir mineur "Certaines choses capables d'engendrer des plaisirs apportent plus de maux qu'elles n'apportent de plaisirs" Épicure, Doctrines et maximes, Maximes fondamentales, maxime VII.
Somme toute ce qui distingue le sage du non sage, c'est que, dans la recherche de son plaisir, le sage va réfléchir, et évaluer. "C'est la raison vigilante qui détermine les motifs de ce qu'il faut poursuivre et de ce qu'il faut éviter"