L’ART

(pour classes techniques)

2 Sens de l’art : l’art de l’artisan et l’art de l’artiste.  

Tous les deux sont des productions de l’homme, s’oppose au naturel.

L’artisan vise l’utile. L’artiste, selon une conception classique, cherche une valeur : le beau.

1ère interrogation : L’artiste reproduit-il une beauté naturelle, ou est –il créateur.

2ème au cas où il serait créateur, ne serait-ce pas une particularité psychologique qui lui permettrait de l’être ?

3ème Qu’est-ce qui distingue la production artistique de toute autre.
Après cette distinction on essaiera de comprendre l’art par le plaisir esthétique. Ce sera la quatrième interrogation.

On essaiera alors de comprendre l’œuvre d’art par elle-même, et enfin on s’intéressera à l’art contemporain.

 

 

I L’ART ET L’IMITATION

 

 

La nature recèle des beautés on pourrait croire tentant de chercher à les reproduire.

Par exemple le statuaire Grec Phidias voulant faire une statue d’Aphrodite, a fait défiler les jeunes filles d’Athènes, pour prendre chez chacune ce qui lui paraissait le plus beau.
Mais cette démarche n’est d’ailleurs pas une copie, puisqu’il s’agit de réaliser ce qui n’existe pas. En plus l’harmonie n’est pas certaine.

Le premier problème de l’art qui copie, c’est que dans ce cas l’art devient complètement subjectif, comme l’est la beauté naturelle.

Deuxième problème

La simple reproduction est complètement dénuée de valeur. Cf. Le musée Grévin. « lorsque l’art s’en tient à la stricte imitation formelle, nous n’avons que la caricature de la vie ». Hegel

3ème problème : L’art ne peut pas imiter une beauté existante parce qu’on peut avoir une belle œuvre avec un modèle qui ne l’est pas. Cf. l’étude de mains et de pieds de Géricault

En conséquence une œuvre ne cherche pas à imiter une belle chose, elle cherche la beauté de son travail lui-même : « l’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose » Kant.

Donc l’art n’est pas imitatif, il est créateur.

 

 

II LA CREATION ARTISTIQUE

 

 

A) La réduction psychologique

 

Pour Freud l’artiste est un névrosé, c’est quelqu’un « qui a douloureusement ressenti le passage du principe de plaisir au principe de réalité ». Freud.

C’est dont témoignent un certain nombre d’artistes : « je quitte sans regret un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve » Baudelaire.

Donc l’artiste cherche dans une œuvre une sorte de compensation pour une vie insatisfaisante.

Toulouse Lautrec, handicapé, représentait des acrobates ou des danseuses.

En dehors de cette compensation directe, l’artiste trouverait dans son œuvre la possibilité de maîtrise qui lui échappe dans sa vie. Dans le Moïse de Michel Ange, on voit une colère maîtrisée, ce dont l’artiste était lui-même incapable.

L’art serait donc une possibilité pour l’artiste de trouver une compensation psychologique.

C’est surtout que l’artiste maîtrise un matériau et il peut créer un monde organisé qui contraste avec son propre déséquilibre.

Proust disait que le vers de Baudelaire : « là tout n’est qu’ordre est beauté, calme luxe et volupté », était la définition même de l’œuvre d’art.

Freud fait une comparaison avec un enfant qui joue avec une bobine de fil. L’enfant lance et rattrape la bobine. C’est, pour Freud la représentation d’une angoisse de départ et d’une joie de retour, le départ et le retour de la mère. Dans sa vie, l’enfant n’a aucune maîtrise, mais dans le jeu, c’est lui qui commande le retour. *

La psychologie peut-être une aide précieuse, mais on peut aussi considérer la façon dont l’artiste produit son œuvre.

 

 

B) La création artistique comme production spécifique

 

Un artisan produit. Il le fait en fonction d’un savoir faire, de règles qui lui permettent de produire. La connaissance des règles fait un maître artisan qui sait les appliquer.
On a cru longtemps que l’art fonctionnait de la même façon, qu’on pouvait faire des règles et les appliquer, ce n’est plus le cas.

Les impressionnistes marquent le plus grand divorce entre l’art académique et l’art véritable qui invente les règles. Le salon des refusés en 1873 regroupait un grand nombre de chefs d’œuvre impressionnistes dont le public et la critique était incapable de reconnaitre la valeur

 

 

III LE PLAISIR ESTHETIQUE

 

A) Un plaisir des sens ? 

 

Thèse de Hume : le beau dépend d'une finesse des sens :  « Un sens fort uni à un sentiment délicat, amélioré par la pratique, rendu parfait par la comparaison et clarifié de tout préjugé » Hume Les normes du goût

Cette thèse a le défaut de lier le plaisir de la beauté aux sens. 

Il y a des beautés qui ne sont pas liées à un sens particulier : les oeuvres littéraires, et surtout, le plaisir lié à la beauté n'est pas celui d'une consommation future. Personne ne désire consommer les pommes de Cézanne, et un esthète n'éprouve aucun désir érotique pour un nu exposé dans un Musée. C'est ce que montre le tableau "L'origine du monde" de Gustave Courbet. 

Kant « le beau est l’objet d’une satisfaction désintéressée » La publicité n’est pas de l’art dans la mesure où elle cherche à exciter la convoitise non la contemplation.

 

 

B) Le beau et l’agréable ;

 

Pour l’agréable, je reconnais la particularité de mon goût. Je peux même dire : cela m’est agréable.

Pour l’art je ne peux maintenir cette subjectivité particulière, mon jugement en art je prétends que l’autre devrait l’avoir également. Kant dit : « est beau ce qui plaît universellement sans concept »

Le seul critère déterminant est le temps. Malraux disait : « une œuvre d’art est une œuvre qui a un présent ».

Il y a une raison à cela : je peux aimer une œuvre d’art parce qu’elle m’est agréable, et confondre cet agrément avec un jugement de goût. Une œuvre d’art peut également m’être désagréable et être ensuite reconnue comme belle. Mais dans le temps, les raisons d’être agréable ou désagréable pour une œuvre disparaissent, il ne reste que le beau ou il ne reste rien.

Par exemple « les noces de Figaro de Mozart » pouvaient plaire pour des raisons circonstancielles, parce que cette œuvre épousait le goût du public : Lorsque le comte parle le chant est soutenu par un menuet, lorsque Figaro parle, c’est une bourrée qui soutient le chant. Ces codes ne nous parlent plus mais l’œuvre est toujours jouée.

Le grand problème est d’avoir du discernement concernant l’art contemporain. Tout critique devrait savoir que son jugement peut-être infirmé par les temps ultérieurs.

La prudence envers les jugements esthétiques doit aussi tenir compte du fait que les "gouts" servent aussi souvent à distinguer les classes sociales. L'affirmation d'un goût en art peut masquer une volonté de "se distinguer" c'est à dire d'affirmer sa supériorité de classe sur quelqu'un d'autre. C'est du moins ce qu'affirme Bourdieu (cf. cours sur La justice)

 

 

IV CE QUE L’ART REVELE

 

A) Un moment de l’esprit

 

On pourrait dire que l’art est une première compréhension par l’homme de lui-même et du monde, mais une compréhension pas encore réfléchie, et à laquelle la philosophie apportera une précision et une réflexion.

Par exemple le sujet et d’abord premier en peinture avant de l’être en philosophie. Raphaël ne s’intéresse pas à quelqu’un d’imprécis, dont la représentation révèle le statut social, comme dans certaines peintures flamandes, c’est la personne, avec ses particularités qui est première.

Dans l’art Grec, selon Hegel, il y a déjà toute la pensée grecque de l’homme, pensée que conceptualisera plus tard la philosophie Platonicienne.

http://vclass.mgt.psu.ac.th/~parinya/MM/artlessons/byzantine_art_l.jpg

Chez Platon, l’homme juste est d’abord quelqu’un qui établit en lui-même une hiérarchie : Son esprit commande, sa capacité guerrière lui permet d’agir, ses appétits obéissent. C’est ce que Platon appelle le Nous, le Thumos et l’Epithumia.

Le défaut de cette conception est qu’elle inféode l’art à la philosophie, à une compréhension ultérieure.

 

 

B) L’art donne à voir.

 

Pour des penseurs comme Heidegger ou Bergson, l’art nous donne à voir ce qu’on ne regarde pas, ou qu’on ne regarde plus.

Notre regard coutumier est dominé par l’utilité, et l’action. Nous regardons le monde en fonction de la façon dont il peut nous servir. Un outil par exemple, n’est pas considéré en lui-même mais en ce qu’il peut nous être utile.

Dans l’art au contraire, il y a une contemplation de la chose. L’art apprend donc à regarder.

Cette nouvelle conception peut ouvrir une voie vers l’art contemporain.

 

 

V L’ART CONTEMPORAIN

 

A) La beauté par une autre voie.

 

En peinture on peut parler de l’art non figuratif ou l’art abstrait, complète liberté par rapport à tout modèle. Le théoricien le plus célèbre de l’art non figuratif serait Kandinsky : Il propose de faire en peinture l’analogue de ce que fait le musicien, c'est-à-dire utiliser les formes et les couleurs comme le musicien utilise les notes.

Dans le même esprit les recherches plastiques d’Yves Klein, ou du contemporain Soulages, sont dans une préoccupation esthétique.

Mais certains remettent en cause la beauté elle-même. C’est le propos radical d’un Marcel Duchamp qui dit : « le beau est mort ». On peut, comme le fait le plasticien contemporain Garouste considérer que les artiste du 20ème siècle on débarrassé l'art de l'obsession de l'originalité, mais il reste que la beauté n'est plus le seul objectif des artistes. 

 

B) L’art et le sens

 

Cependant en art contemporain, il faut discerner, c'est-à-dire accepter mais aussi rejeter. On peut tenter de rejeter ce qui, pour notre jugement, ne présente aucun intérêt, en sachant qu’on peut se tromper.

Ce qu’on pourrait disqualifier

- Expressions de névrose personnelle.

Actionnisme viennois : scènes sanglantes, transgressions sexuelles ou autres. Il peut y avoir un intérêt cathartique, mais pour celui qui exécute ces scènes, pas pour le spectateur.

- Narcissisme : la représentation de sa propre vie, dont on prétend qu’elle aurait valeur d’œuvre d’art.

- Le neuf avec le vieux : Typiques des vanités modernes Damien Hirst représente des cranes, déjà fait au XVIIème siècle.

Ce qui peut être intéressant (toujours avec le risque de se tromper)

Certaines œuvres choquantes peuvent présenter de l’intérêt. Les plastinations de Van Hagens, pourraient permettre une pensée différente du corps, un type de réconciliation inverse du discours sur la corruption du corps et la vanité.

Orlan dans une autre perspective pourrait permettre une démarche comparable, parce qu’elle pense également un autre rapport au corps.

Mais on peut parler aussi de l’ironie signifiante :

Panaramenko construit des objets techniques, mais qui n’ont aucun usage possible.

Catelan choquant pour tout croyant. Mais potentiellement signifiant