LA LIBERTE
I- LA LIBERTE COMME POUVOIR
A) Son énoncé
Evidence : plus on a de pouvoir, plus on peut faire ce qu’on veut, plus on est libre. Le tyran (ou le dictateur) est un modèle de l’homme libre.
L’argent, de façon plus moderne serait le meilleur moteur de la liberté pour avoir le pouvoir général mais aussi le pouvoir sur les autres (rêve de la plupart des gens).
Les pauvres n’ont aucun pouvoir mais à partir du moment où ils achètent quelque chose, ils gagnent un certain pouvoir.
Preuve du fait que tout le monde assimile la liberté au pouvoir : le fait que personne ne limiterait son action s’il pouvait faire autrement. Illustration par le mythe de Gygès. L’hypothèse de l’invisibilité montre que tout homme voudrait le pouvoir. A dit un sophiste dans Platon « Ceux qui par impuissance à commettre l’injustice agissent de façon juste, ne le font pas de leur plain grés ».
La vraie liberté dans le cœur de tout Homme est faire tout ce qu’on veut.
B) Problèmes de la liberté comme pouvoir
- Politique : Si un seul était parfaitement libre, le tyran. Si un seul homme (dictateur) est libre, personne ne le serait plus, tout individu serait livré au pouvoir du tyran, ou de ses serviteurs.
Solution : le droit « la limitation de la liberté de chacun à la possibilité de son accord avec celle de tous » Kant.
Il faudrait aussi une répartition du pouvoir économique pour que les libertés soient effectives.
- Autre problème : problème moral
Plus important que le pouvoir sur le monde et sur les autres, il y a « le pouvoir sur soi » comme le
dit Montaigne. L’absence de pouvoir, la servitude et la pauvreté sont certes à craindre, mais il y aurait plus à craindre : l’absence totale
de pouvoir sur, soi, la folie.
A l’inverse, pouvoir toujours choisir ce que l’on fait et ce que l’on pense serait une grande liberté, c’est cette autre forme de liberté qu’il faut étudier.
II- LA LIBERTE DE DECISION
A) Le libre arbitre
1) Resistance aux incitations.
Il ne s’agit pas du tout de la même liberté que la précédente, il s’agit de pouvoir prendre une décision quelque soit la force des pulsions, des pressions, des incitations. C’est toute la différence entre une contrainte et une incitation : Un peureux peut être fortement incité à fuir face à un danger, mais s’il est libre, il est capable de ne pas obéir à sa peur.
« La liberté consiste en ceci que, pour affirmer ou nier, poursuivre ou fuir les choses que l’entendement nous propose, nous ne sentons point aucune force extérieure qui nous y contraigne » Descartes
2) La volonté
La liberté c’est pouvoir hiérarchiser ses désirs pour véritablement faire ce qu’on veut, c'est-à-dire ne pas sacrifier un désir important pour la satisfaction d’un désir anodin. Kant dit que c’est « la libération du despotisme des instincts ».
B) Les épreuves de la liberté
1)L’angoisse
On connait l’angoisse psychologique qui est une peur indéfinie résultant d’un déséquilibre entre les différentes instances psychique.
Mais il existe une autre angoisse, existentielle celle-ci, et qui se distingue plus radicalement de la peur.
« La peur est peur des choses du monde » dit Sartre « L’angoisse est angoisse devant soi ». La véritable angoisse me révèle que je ne trouve pas en moi les réponses et les causes qui me feraient agir. Le vertige est une angoisse qui me révèlerait ma liberté, parce que je sentirais dans cette expérience que l’instinct de conservation ne serait pas en moi assez puissant pour m’empêcher de sauter. Sartre dit : « le vertige est angoisse dans la mesure où je redoute, non pas de tomber dans le vide, mais de m’y précipiter ».
2) Les limites de la liberté
Les obstacles matériels
Un handicapé n’est pas moins libre qu’un homme valide, il l’est même davantage dans un certain sens parce qu’il doit choisir à nouveau tous les paramètres de son existence. Certaines possibilité lui sont ôtées, mais ce n’est pas l’essentiel : « ces possibilités sont non pas supprimées mais remplacées par un choix d'attitudes possibles envers la disparition de ces possibilités ». L’existentialisme est un humanisme
Pour montrer que la liberté n’est pas le sentiment de pouvoir mais le choix, Sartre dit : « nous n’avons jamais été aussi libres que sous l’occupation allemande » C’est un paradoxe.
Les autres
- · La honte
Dans la honte j’éprouve une sorte d’esclavage parce que je ne peux plus choisir ce que je suis, quel sens ont mes actes.
- · L’aliénation
L’aliénation c’est lorsque quelqu’un parvient à me convaincre que je ne suis pas libre, que c’est à lui de faire les choix pour moi.
"Après avoir rendu bien sot leur bétail (domestique) et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures n’aient pas la permission d’oser faire le moindre pas, hors du parc ou ils les ont enfermé. Ils leur montrent les dangers qui les menace" Kant Qu’est ce que les lumières ?
Il est si aisé d’être mineur ! Ibid.
III LE LIBRE ARBITRE COMME ILLUSION POSSIBLE
A) Le déterminisme
Pour un déterministe comme Spinoza, l’homme se croirait libre parce qu’il ignorerait les causes qui le font agir.
« Un ivrogne croit dire par une décision libre ce que le lendemain il aurait voulu taire. »
La sociologie ou la psychologie, par exemple, nous montrent parfois des déterminismes, des causes que nous ignorions.
Bourdieu dit « la sociologie m’a guérit de l’illusion du libre arbitre ». Freud considère aussi que la liberté n’est qu’une illusion due à une ignorance de la psychologie humaine.
Ceux qui étudient certains aspects de la biologie peuvent aussi, parfois, être déterministes : Un neurologue comme Jean-Pierre Changeux est du nombre. Des endocrinologues ou des généticiens peuvent aussi pouvoir déterminer scientifiquement l’origine de certains actes
B ) Opposition de thèses dans la liberté.
Nous avons, dans toute l’histoire de la philosophie des partisans du libre arbitre et des partisans du déterminisme.
Les partisans du déterminisme sont souvent des praticiens des sciences humaines comme Freud ou Bourdieu, respectivement psychologues et sociologues.
La biologie et plus particulièrement l’endocrinologie, la neurologie et la génétique, aussi, peut amener des éléments en faveur du déterminisme.
Les partisans du libre arbitre, ce sont souvent des moralistes comme Kant, des religieux également.
La question de la liberté humaine est de l’ordre de la métaphysique, donc de ce qui est au-delà de la possibilité humaine de connaître. Si la liberté existe, on ne peut la prouver. Mais souvent l’erreur de certains scientifiques est de croire que leurs arguments sont définitifs et que la liberté est abolie par les influences qu’ils découvrent en l’homme.
C) Ce qui rend le plus libre
L’Ethique de la liberté consiste à bien distinguer les deux libertés, pouvoir et décision, dans un domaine le degré supérieur c’est le tyran,
dans l’autre domaine c’est le sage.
L’homme est d’autant plus libre, disait Spinoza, qu’il est dirigé par sa propre raison. On ne peut savoir si le sage est tel par décision ou par chance, mais l’éthique de la liberté consiste à
s’approcher le plus possible de cette excellence.
CONCLUSION
La liberté est donc certes la liberté physique, l'absence de contrainte extérieure, qui devient plurielle en fonction des contraintes dont on parvient à s'émanciper (liberté d'expression, d'aller et venir etc.).
Cependant cette indépendance n'est pas le seul aspect de la liberté: comme on peut être aliéné dans l'acte même qui paraît être l'expression de notre volonté (le " je fais ce que je veux "du drogué ), on peut conserver une liberté dans la servitude par exemple (cf. Epictète).
La liberté consiste donc plus essentiellement dans une absence de détermination intérieure, dans une possible autodétermination.
Cette liberté exigée par la morale entre apparemment en contradiction avec la science qui elle exige l'attribution d'une cause à un effet.
Cependant une théorie de la connaissance considérant la causalité comme un des concepts par lesquels nous comprenons les choses, permet de concilier la connaissance de l'homme objet d'expérience et la possibilité pour l'homme en lui même de penser une causalité libre.
L'acte moral semblerait confirmer cette possibilité puisque l'homme aurait la faculté, par la raison, de s'interroger sur la possible universalité du principe à la base de son action et donc de se donner à lui même sa propre loi, d'être autonome. L’angoisse que l’on éprouve devant tout choix généraliserait notre liberté, et réserverait son atténuation aux difficultés qu’aurait l’homme à l’assumer.
Cependant les individus soumis aux passions font également l’épreuve d’une absence de liberté et le problème métaphysique demeure constant.
La liberté pourrait alors être également un problème éthique, et il resterait à agir sur l’homme pour améliorer son recours à la raison, ce que proposent certaines sagesses.