LE TRAVAIL
(Résumé pour cours)
Ambivalence cf. contraire : Loisir paresse, Etymologie Tripalium
- D'où référence à l'analyse de notion: Le monde du travail est opposé à celui du désir, de la satisfaction immédiate.
- Objectif : rendre compte de cette ambivalence du travail sur le plan moral et
religieux.:
- Soit qu'on insiste sur son aspect contraignant / à une liberté d'action.
- Soit qu'on insiste sur son aspect libérateurs / à une nature étrangère.
I/ L’EVIDENTE PENIBILITE DU TRAVAIL
A) La référence au mythe
- Référence au mythe: malédiction : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». « C'est par un labeur pénible que tu tireras de la terre ta subsistance » Genèse (3.19).
B) L a contrainte
Cf. le jeu de hasard comme fantasme d’une exemption de travail.
II LE STATUT HUMAIN DU TRAVAIL
Comparaison avec l’animal
A/ l’activité opposée au travail
1) La Spontanéité opposée à la volonté
Preuve : l’animal continue à s’activer même lorsque le besoin disparaît : jeu et chat
2) la représentation
- Surtout il forme dans son esprit ce qu'il veut réaliser et ensuite il le réalise au lieu d'avoir une simple présence l'homme se représente l'aboutissement de son travail. La représentation de sa fin préexiste à la réalisation du travail Cf. aussi la reproduction, le plan ou la maquette . Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur." Karl Marx Le Capital L.I section 3
3) la transformation du monde
Impose des formes qui n'appartiennent pas au monde mais qui sont pensées au préalable par l'homme. On dit que l'homme réalise, 'il porte à la réalité es formes qu'il conçoit dans son esprit.: " On peut distinguer l'homme des animaux par la conscience, la religion et tout ce qu'on voudra. Eux mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu'ils se mettent à produire leur moyens d'existence. "Marx " L'idéologie Allemande
B) L'outil
Dans l'outil la fin est pensée dans la forme de l'objet, la pierre est polie ou taillée our couper etc. De plus conservation de l'outil, non usage d'un prolongement accidentel d'un membre mais permanence de l'objet.
C) La perfectibilité
" Un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans. " Rousseau: Discours sur l'origine de l'inégalité p 171
Conséquence: Ce n'est pas le milieu qui va être transformé mais l'homme également.
III/ LE TRAVAIL FORMATION DE L’HOMME
Le travail humanise la nature parce qu'il y porte la marque de l'homme mais il humanise également l'homme
A) Transformation psychologique
1) la patience
Le désir de l’animal veut la réalisation instantanée de ses désirs dans le moment où il les reçoit.
L’homme dépasse ce désir animal, il fait intervenir la médiation de son travail, affronte résistance de la matière, opposition au guerrier qui ne fait que consommer et détruire.
2) l’image objective
B/ Transformation de la valeur du travail et de la richesse
1) mépris archaïque du travail
- La mentalité antique il est indigne d’un homme d’avoir à ramasser des fruits pour manger « Aristote refusait de donner le nom d’hommes aux membres de l’espèce humaine tant qu’ils étaient totalement soumis à la nécessité » Arendt: Condition de l’homme moderne cf. aussi la hiérarchie Platonicienne dans la république. C'est le travail en temps que peine, et dépendance hiérarchique à l'égard d'autrui (Ponos) qui est dévalorisée, par rapport à l'activité véritable (L'ergon) pendant le temps de loisir (Scholê)
2) condamnation classique du développement des richesses
«il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer au royaume des cieux » (Évangile de Marc, 10, 25).
3) revalorisation du travail et de la richesse par le protestantisme
- L’éthique protestante va revaloriser la richesse: l’oisiveté du saint est oubliée pour ne rappeler que la paresse de l’oisif, on rappelle la parabole des talents et la condamnation de St Paul « si quelqu’un ne veut pas travailler qu’il ne mange pas non plus »
- Le travail comme participation à l’œuvre de Dieu
- Richesse « l’ascétisme protestant eut pour effet psychologique de débarrasser des inhibitions de l’éthique traditionaliste le désir d’acquérir » Weber
- Contre aristocrate, considération de la dignité du travail, " c'est comme si elle voulait que l'homme dût parvenir par son travail à s'élever de la plus grande rudesse d'autrefois à la plus grande habilité, à la perfection intérieure de son mode de penser et par là même au bonheur. " Kant: " Idée d'un histoire universelle..."
- C’est ainsi qu’Adam Smith distingue le travail moral productif et le travail non productif « le travail d’un ouvrier de manufacture ajoute, en général, à la valeur de la matière sur laquelle il travaille, (...) le travail d’un domestique, au contraire, n’ajoute à la valeur de rien. » Adam Smith: Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations
4) Détermination sociologique du travail
IV/ L’ALIENATION
A) L'aliénation personnelle
- Non épanouissement par le travail car la fin du travail est étrangère au travailleur, participation de moins en moins grande à la fin, cf. Les temps modernes, on ne sait pas ce que produit la machine
Il peut même représenter un moyen de contrôle: " On sent aujourd'hui (...)qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance." Nietzsche Aurore. Il pourrait donc y avoir non solidarité mais conflit entre l'épanouissement personnel du travailleur et le travail exigé.
B) aliénation économique.
Différence de logique entre l’employé qui recherche la valeur humaine de son travail et l’employeur qui recherche le profit. Ce qui est vendu n’est pas le travail mais la force de travail, et achetée en fonction d’une logique de marché
-Même le loisir pourrait être considéré comme aliénant: Pas temps libre, mais temps de non travail pas épanouissement des capacités du travailleur, mais direction vers une consommation (pub), industrie du loisir.
C) L'aliénation de la nature.
Le choix que laisse la technique à l'homme est entre une augmentation constante de la productivité ou dans une gestion du travail. Aristote disait " si les navette fonctionnaient seules les hommes n'auraient plus besoin de travailler."
Il y a donc un usage profitable à faire de la modernisation du travail, ce n'est pas de permettre une l'accroissement aveugle d'une productivité, avec une profusion de produits de consommation et des dégâts écologiques et sociaux ingérables, il s'agit plutôt de gérer le travail en le diminuant à mesure que les capacité de produire sans l'homme se multiplient, et ce afin que l'homme puisse se livrer aux activités réellement épanouissantes qui ne se situent que dans une expansion volontaires de ses forces. Non dans l'oisiveté mais dans un loisir qui ne soit ni le temps de repos nécessaire à une meilleure productivité ni l'écoulement de la sur production de produits de consommation.
D) Horizon la fin du travail ?
Aristote disait : "si les navettes fonctionnaient seules nous n'aurions pas besoin d'esclaves". De façon parallèle certains (Jérémy Rifkin) notamment ont pensé qu'une société sans travail serait possible.
C'est douteux, un remplacement est possible mais ce ne serait souhaitable qu'à deux conditions : que la fin du travail de masse ne signifie pas une misère de masse.
Que les hommes sachent se passer du travail, ce qui demanderait une certaine culture.
« Ce que nous avons devant nous, c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire. » Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Paris, Pocket, « Agora », 1983, pp. 37-38