L'Etat (Résumé)
I/ LA LÉGITIMITÉ CONSTANTE DE L’ETAT
A) La violence constitutive de l’humain
1) La violence animale
ü La concurrence (femelle, nourriture) et la crainte.
ü Système inhibiteur de l’action « Il n’y a pas de violence gratuite » Laborit
2) La violence humaine
Disposition supplémentaire chez l'homme : L'orgueil (ROUSSEAU nomme l'amour propre): Chacun attend que son compagnon l’estime aussi haut qu’il s’estime lui-même et, à chaque signe de dédain ou de mésestime, il s’efforce naturellement, dans toute la mesure où il l’ose, d’arracher la reconnaissance d’une valeur plus haute. " HOBBES : Le Léviathan. Ch. XIII.
Différence chez Rousseau entre un mal et une offense, le mal est limité, l’offense à l’ infini de Cela suffit à la destruction mutuelle: "Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect ils sont dans cette condition qui se nomme guerre et cette guerre est guerre de chacun contre chacun" Hobbes, Léviathan, ch. XIII
La vengeance excède alors toujours le mal subi :
Hector demande à Achille : "Renvoie mon corps dans mes demeures, afin que les Troyens et les Troyennes me déposent avec honneur sur le bûcher.
Et Achilles aux pieds rapides, le regardant d'un œil sombre, lui dit:
- Chien ! Ne me supplie ni par mes genoux, ni par mes parents. Plût aux Dieux que j'eusse la force de manger ta chair crue, pour le mal que tu m'as fait ! Rien ne sauvera ta tête des chiens, quand même on m'apporterait dix et vingt fois ton prix, et nulle autres présents " Iliade, Chant 22
B) L’Etat comme alternative
Ø Institution d'un pouvoir tel qu'aucun autre plus grand ne puisse être conçu : le Léviathan
Ø « il faut concevoir l’Etat contemporain comme une communauté humaine qui revendique avec succès, pour son propre compte, le monopole de la violence légitime » Max Weber, Le savant et le politique
Ø Mise à discrétion des moyens pour le maintien de la paix intérieure, « ne pas s’écarter du bien, s’il le peut, mais savoir entrer dans le mal, s’il le faut. "» MACHIAVEL : Le prince.ch XVIII. par exemple « Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible »Ibid.
Légitimation possible du rapport de force :
Ø Par l'intérêt : « la guerre civile est le plus grand de tous les maux » Pensées, Br.320 Par un constat : le droit n'est que la légalisation du fait : "N'ayant pu faire que ce qui fut juste fut fort, on a fait en sorte que ce qui est fort fut juste." Pascal. Pensées, Brunschvicg 298 Tout Etat est juste parce que nécessaire, les lois sont légitimes parce qu’elles sont instituées « la justice est ce qui est établi »Br. 312 C’est ce que sont capable de voir les vrais habiles contrairement aux demi-habiles .cf. Br.337
Ø D'où la paradoxale légitimation par Pascal de la monarchie et de L’artificialité des rangs « Qu’y a-t-il de moins raisonnable que de choisir pour gouverner le premier fils d’une reine ? » Demande pascal dans la pensée 320
Ø Il reconnait la nécessité de cet ordre pour maintenir la paix, mais considère comme une concession à l’absurdité des hommes, "Le peuple honore les personnes de grande naissance. Les demi-habiles les méprisent, disant que la naissance n'est pas un avantage de la personne, mais du hasard. Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple, mais par la pensée de derrière." Pascal Pensées 337
Ø Mais seulement respect d’établissement pour ces grandeurs de même nature "Que la noblesse est un grand avantage, qui dès dix-huit ans met un homme en passe, connu et respecté comme un autre pourrait avoir mérité à cinquante ans. C'est trente ans gagnés sans peine." (Pascal, Pensées, 95).
Ø Nous ne sommes pas loin de la question qui sonnera le glas des hiérarchies arbitraires : « Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. » Beaumarchais le mariage de Figaro
III INSUFFISANCE DE L'ETAT FORT
A) L’état meurtrier Exemple typique du Kampuchéa démocratique
B) Faiblesse de la force.
Ø Au niveau du simple constat : « le plus fort ne l’est jamais assez pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir »." Du contrat social L.I Ch. III Épuisement de l’état contre maintien automatique du régime légitime
Ø . Recours à un hommage paradoxal de la force au droit, nécessité d’employer une propagande, l’affirmation péremptoire et constante de son droit pour masquer son illégitimité.
III NECESSITE DE L'ETAT JUSTE
A) But de l'état.
Ø Le nivellement des intérêts de l’Etat n'est pas le but de l'état mais le moyen i" La volonté générale peut seule diriger les forces de l'état selon la fin de son institution qui est le bien commun." Du contrat social Livre II Ch. VI
Ø Il ne faut donc pas penser l'état en fonction de la nécessité qu'il a de se maintenir mais en fonction du but qu'il doit poursuivre selon cela même qui a présidé à son institution.
Ø => Un état doit être légitime et seul lui confère la légitimité la correction des lois.
B) L'état Accomplissement de l’individu
Ø Dans l’Etat, protection contre l’abus par l’autre de sa liberté. Même le plus fort sans Etat, est constamment soumis à la violence possible de l’autre
Application économique c’est l’absence de lois internationales qui autorise la spoliation des plus démunis par les plus riches.
Ne considère pas la bonne volonté des gens, Ne considère pas la bonne volonté des gens, même un peuple de démons, dit Kant dans le projet de paix perpétuelle pourrait se donner une constitution
Ø La Vraie liberté ce n’est pas le caprice, c’est le fait de se donner à soi-même sa loi. « L'impulsion du seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté." Du contrat social I ch. VIII. Même idée chez Kant où l’autonomie de la volonté est « la propriété qu’a la volonté d’être à elle-même sa loi »fondements de la métaphysique des mœurs
Ø Bien comprendre la notion de loi, expression de la raison lorsqu’elle envisage l’universel. C’est la différence entre s’excuser lorsqu’on avoue une faiblesse, et se justifier qui n’est possible qu’en considérant que tout homme aurait pu légitimement faire ce que nous avons fait.
Ø Conséquence dans un Etat légitime où les lois sont l’expression de la raison, l’homme libre dont la volonté est toujours référée à sa raison n’obéit qu’à lui-même. C’est le sens de l’injonction de Rousseau au législateur : « si vous voulez qu’on obéisse aux lois, faites qu’on les aime, et que pour faire ce qu’on doit, il suffise de songer qu’on le doit faire » Discours sur l’économie politique
Ø Épanouissement dans l’Etat car non plus simple sentiment de soi (sentiment d’être vivant avec ses appétits) mais participation à une fin universelle : " L'intérêt particulier ne doit être ni négligé ni refoulé, mais accordé à l'intérêt général et ainsi l'un et l'autre sont maintenus." HEGEL: Principes de la philosophie du droit § 261
III: CRITIQUES RÉALISTES DE L'ETAT
A) La nécessité d’un maître pour tout maître
Max Weber Le savant et le politique p 102 103 (Plon) Sources multiples de l'autorité.
Ø L'éternel hier cf. Patriarche seigneur terrien tradition droit coutumier.
Ø Pouvoir charismatique, Chef de guerre souverain plébiscité (puissance magique du verbe.)
Ø Légalité ou compétence. Serviteur de l'état. Max Weber Le savant et le politique p 102 103
Revendication par l’Etat de la seule légitimité légale mais appel à toutes les sources
B) Violence de la légitimité légale:
Dans l'ancien régime il s'agit de montrer l'incommensurabilité entre le pouvoir de l'Etat et celui de l'individu, d'où la description du supplice de Damiens (1757). Passage du supplice visible par tout au secret sur les peines et changement de discours « le droit de punir a été déplacé de la vengeance du souverain à la défense de la société ». Surveiller et punir
Discours sur la légitimité du châtiment, l'accusé légitime sa sentence… (Balles payées)
D'un visible par tous on est passé à tous visibles par un (cf. Bentham et le panoptique)
D'un pouvoir qui se maintient par la force et la peur on est passé à un pouvoir qui discipline dans une anatomie du détail et qui tient un discours sur sa légitimité.
C) Perte des valeurs individuelles dans l'état.
1) L’individu en lui-même
Ø Quadrillage, et uniforme Cf. U.R.S.S. et Orwell. "L'identitaire est la puissance par laquelle l'individu quitte ses gênantes et suspectes particularités, s'identifie à la nation-état." "Votre différence se réduit à l'insignifiant: Vous n'êtes qu'un objet numéroté dans l'espace politique."H. LEFEBVRE. De l'état. Tome I
2) la famille
Cf. L’intérêt des dictatures pour les « jeunesses »
3) Le peuple
Ø Mensonge de l'état : Prétend que ses structures bureaucratiques sont l'expression du peuple. " Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe dans sa bouche: Moi l'état, je suis le peuple." NIETZSCHE: Ainsi parlait Zarathoustra Gal. 63. Ce sont les coutumes et les lois qui sont l'expression du peuple, la richesse morale de ses traditions. "Ils étaient des créateurs ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent au dessus d'eux une foi et un amour: Ainsi ils servaient la vie. » Ibid.
Ø L'état, lui, a vampirisé réductions des langues et des particularités historiques "Ce sont des destructeurs ceux qui tendent des pièges au grand nombre et appellent cela un état. Ibid. Gal 63 L'état = le plus froid des monstres froids.
Ø Mensonge sur le but, le bien commun, protection constante des classes privilégiées et de la propriété. CF. le vote censitaire.
IV SOLUTION
A L'anarchie.
Ø Basé surtout sur un procès de l'état censé représenter les individus et les sacrifiant à sa puissance cf. PROUDHON et BAKOUNINE " L'état c'est l'autel de la religion politique sur laquelle la société naturelle est toujours immolée"
Ø Pour anarchistes: La perversité de l'état => (destruction => bonheur).
Ø Problème: Le constat anarchiste est recevable Cependant ce n'est pas parce que l'état est pervers que sa seule disparition est une condition suffisante au bonheur des hommes. Postulat anarchiste d'une altruisme inné ou d'une possibilité d'associations naturelles.
B) La révolution
Ø Idées généreuses, volonté d'abolition des contraintes et de l'oppression étatique Fin de l'état mourant de la suppression des classes (cause de violence = lutte des classes ) et donc de la nécessité de tout organe répressif. cf. LENINE: "L'état et la révolution.
Ø En réalité une révolution n'est belle que lorsque elle échoue. cf. U.R.S.S. -> Dérive étatique de toute révolution: "Un pouvoir révolutionnaire qui, une fois installé, ne se racornirait pas, ne deviendrait pas à son tour despotique et bureaucratique, un tel pouvoir n'a pas d'existence historique". JANKÉLÉVITCH.
C) Les contrepouvoirs.
Ø Une méfiance et une surveillance à l’égard des hommes de pouvoir, ne pas leur demander l’héroïsme de résister à l’abus de pouvoir « la tentation de manquer de conscience ou d’agir mal ne doit pas s’offrir à eux ». Spinoza Traité de l’autorité politique Ch.1 §6 Créer des structures politique, une constitution qui rende le despotisme impossible: « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » Montesquieu De l’esprit des lois, L.XI, Chap..4
Ø La séparation des pouvoirs: que tout maître ait un maître en quelque sorte c’est l’affaiblissement du pouvoir par lui-même « Tout serait perdu si le même homme ou le même corps exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers. » ibid. L’éclatement de l’exécutif : cf. la décentralisation
Ø L’impossible pérennité du pouvoir et la sanction du vote
Ø L’obéissance irrespectueuse:
o La distinction entre les chefs et les maîtres « dans celui qui le gouverne il ne voit point l'homme, mais l'organe de la loi » Rousseau Lettres écrites de la montagnes Partie II Lettre VII
o l’attention de la part du citoyen à ne pas accorder au pouvoir la révérence qui entraîne l’absence de lucidité. cf. déférence due aux " grands hommes" De Gaulle etc. " Tout pouvoir est méchant dès qu’on le laisse faire ; tout pouvoir est sage dès qu’il se sent jugé" Alain, Propos D'où le nécessaire mélange entre obéissance et résistance, qui fait que
que "La justice exige que l’on se prive de cette gourmandise d’admiration. » ibid.