LE LANGAGE

 

 

LE LANGAGE

 

Introduction

 

- Rapport privilégié de la philosophie et du langage. Philo = lutte pour clarté et cohérence, importance des distinctions, des définitions.

- Philo = œuvre de rigueur, lutte contre les confusions, les problèmes mal posés.

Cependant existence d'une discipline qui s'interroge spécifiquement sur le langage, qui en précise les structures et les modalités de fonctionnement = la linguistique. Le problème du langage ne se réduit pas cependant au seul problème interne de sa structure, le problème du langage, c'est qu'il a un sens, et l'interrogation que suscite le langage est surtout celle du rapport entre le système composé par des éléments et ce que ce système signifie.

- Double difficulté du langage: il n'a pas un rapport direct à ce qu'il signifie. Il n’est pas si arbitraire et chaotique qu'il ne puisse remplir une fonction de communication.

=> Double considération du langage Considération de sa nature, comme phénomène naturel et comme signe arbitraire

 

 

 

I LANGAGE ET COMMUNICATION

 

Etude du langage humain par étude a contrario du langage animal. But : comprendre la spécificité du langage humain

 

 

A/ Différence structurelle 

 

1) Linéarité de la communication animale

  Les animaux communiquent, l'homme n'a pas l'exclusivité de la communication, certaines sociétés animales disposent même d'un système de signes différenciés.

Dans toute société animale où il y a une activité collective il y a un système de signe pour la répartition des tâches ( ex; répartition abeilles ouvrières et abeilles guerrières)

Poursuite de l'exemple des abeilles:

- Un individu 1 reçoit un stimulus.

- Ce stimulus déclenche une réaction qui se manifeste par une suite de danse.

- Cette danse provoque une réaction chez un individu 2.

Le type de communication animal part toujours d'un stimulus réel et produit toujours un comportement réel. C'est un rapport linéaire.

L'essaim d'abeilles peut se rapprocher d'un corps vivant et les abeilles n'être pas des individus à part entière mais des parties de fonctionnement.

Rapprochement avec communication humaine : communication par gestes et par cris, expression de violence, signification et forme ne diffère pas de la communication animale.

 

2) Structure combinatoire du langage humain

 

Différence quantitative : plusieurs milliers de mots.

Différence qualitative: Dans la communication animale et humaine des éléments sont dotés d'une forme et d'un sens,

Dans le seul langage humain on peut trouver des formes dénués de sens.

-          Monème : une forme et un sens

-          Phonème : une forme et pas de sens.

= La double articulation du langage.

 

1ère articulation : Eléments doués d'une forme et d'un sens que l'on peut combiner dans des contextes différents pour signifier autre chose. Ex. J'ai mal à la tête et je me suis mis à leur tête

2ème articulation: Analyse de l'unité impossible à décomposer en plus petites unités douées de forme et de sens. Dans Tête unité phonique /t/ /e/ /t/ elles-mêmes combinables pour former d'autres mots: terre tante... 

 

A partir d'un petit nombre d'éléments ayant une forme et pas de sens on compose des éléments ayant une forme et un sens. Seules les écritures alphabétiques correspondent à cette structure. Le Chinois ou l'Egyptien ancien ont un autre principe : le rébus (en simplifiant beaucoup) : 

  • 日 « soleil » + 月 « lune » = 明 « brillant » ;
  • 女 « femme » + 子 « enfant » = 好 « bien " 

Structure combinatoire du langage permet un nombre infini de mots. Conclusion des linguistes : « Il ne faut pas appeler langue n'importe quel signe mais seulement ceux qui comportent la double articulation en éléments significatifs et non significatifs. Martinet: " Eléments de linguistique générale."  TEXTE 1 ET 2

 Cette structure combinatoire apparaît nettement dans l'histoire de l'écriture

 

B/ Différence qualitative

 

  1) Présence de réponse

 

-          Le langage humain permet un échange, il est susceptible de susciter une réponse, l'échange est linguistique.

-          comportement linéarité obligatoire, information sans ambiguïté.

Le comportement n'est jamais une réponse en terme de langage. Le stimulus réel joue le même rôle que le stimulus linguistique. «  Il ne peut y avoir de communication relative à une donnée linguistique; déjà parce qu'il n'y a pas de réponse, la réponse étant une réaction linguistique à une manifestation linguistique; mais aussi en ce sens que le message d'une abeille ne peut être reproduit par une autre qui n'aurait pas vu elle-même les choses que la première annonce. » E Benveniste Problèmes de linguistique générale. Il n'y a pas de dialogue possible, mais une action nécessaire, déterminée.

La relation peut se faire de stimulus à cri de cri à stimulus et encore de stimulus à cri, mais jamais de cri à cri

Pour comprendre les différences on peut considérer  Les différentes fonctions du langage (Jacobson) dont on peut voir le Schéma synthétiques de Jacobson

 

 

 

2) La représentation et la culture

-          Sens propre de représentation: rendre à nouveau présent: le mot rend à nouveau présent la chose: je peux parler de ma peur ou de ma colère sans que soit présent ce qui en est l’objet.

-          - Sans ce rapport à un objet déterminé le langage humain peut fonctionner comme une sorte de relais. Nous ne sommes pas livrés à la perception, nous sommes libérés du rapport de la perception à l'objet. Nous n'avons pas besoin de voir la réalité pour nous la représenter.

-          Le signe n'est pas, comme dans les communications animales, asservi à la présence de la chose qu'elle désigne.

- La communication animale ne se produit que dans l'espace, ne se rapporte qu'à des objets déterminés (nourriture reproduction). Le langage humain, lui est transmissible dans le temps, il est synonyme de culture.

  

 

3) Penser le monde, le dire à quelqu'un
- Le langage permet la pensée. Même par rapport à soi-même : La pensée est "un discours que l'âme se tient à elle-même" Platon, le Théétète  189e Il faut rappeler à ce titre le double sens grec de logos, à la fois raison et langage.

- Mais avec le langage c'est surtout la rationalité dans le rapport à autrui et au monde qui est engagé :   "Nous parlons de quelque chose et nous en affirmons quelque chose" F. Wolff, Notre humanité.p.356. C'est ce qu'on nomme la structure prédicative du langage humain.

 Bien entendu c'est aussi cela qui fait notre monde commun : si nous disons quelque chose de quelque chose, alors c'est l'affirmation d'une objectivité : « Dès le premier échange dialogué (…) nous apprenons à dire l’objet indépendamment de notre propre point de vue » F. Wolff, Plaidoyer pour l’universel, P.288

 C’est ce qui permet le dialogue : les hommes doivent s’entendre sur ce dont ils parlent, mais le langage, compris ainsi est aussi ce qui implique la contradiction possible, donc le raisonnement : si je dis ceci de cela, un autre peut dire le contraire.

 C’est aussi le socle de notre conception de l’égalité : « l’autre est mon égal parce que c’est devant lui que je dois justifier, par un discours, même l’inégalité de traitement que je lui infligerais, ce qui rend cette inégalité même contradictoire » Ibid.

 

 Mais l’avers a un envers :  le langage peut aussi devenir un instrument de pouvoir.

 

   

II LES POUVOIRS DU LANGAGE

   

Dans le langage de ce qui ressort spécifiquement du langage et ce qui est de l'ordre de la communication animale. Repérage dans le langage humain des propos qui visent à susciter un comportement ou une émotion ordre prière.

 

 

A) L'action directe, l'essai performatif,

 

Quand dire c'est agir, ex: " je m'excuse ", "je promets", l’acte énoncé se résume au seul énoncé de l’acte. Il faut un pouvoir conventionnel bien entendu, ce qu'Austin nomme des "conditions de félicité". Si je dis à quelqu'un "je t'excommunie" et que je ne suis pas prêtre, cela n'aura pour effet que de me rendre ridicule ( comme si je dis "je te fais chevalier" à un élève, même méritant). Ce pouvoir doit être d'ailleurs reconnu communément : Si un prêtre dit "je t'excommunie ! " à un athée, l'effet performatif sera tout aussi nul.

 

B) Le pouvoir de représentation:

-          Structure magique: le nom est l’image de la chose, comme tel il offre un pouvoir sur la chose: Cf. existence des noms secrets, et livre des morts Égyptiens avec liste des noms secrets des démons, qui seuls offraient un pouvoir sur eux. Le nom est magique " A l'ordre naturel des choses dont l'existence s'ensuit de l'enchaînement temporel des effets et des causes le langage substitue l'ordre surnaturel de la spontanéité. Par lui vient à exister ce que rien ni prépare : voici présent ce qui n'a pas de passé. GRIMALDI : Le désir et le temps

-          Avatar dans les religions modernes: Le nom de Dieu ne doit pas être prononcé Cf. Suggestion magie noire: ce qui est dit doit être fait

-          Avatar technique moderne: l’hypnose

-          Avatar social: Cf. calomnie flatterie sophistes. «  Il n’y a pas de fumée sans feu »

N'exprime pas la réalité ne considère pas le rapport du langage au réel (en ce sens la rhétorique est proche de la communication animale) il fait surgir cette réalité par sa puissance d'envoûtement:

 

 

 

C) le langage et la parole:

 

-          Pouvoir de séduction par la rhétorique: Tout pouvoir est dérisoire comparé à celui de la parole cf. le dictateur, qui commande par la parole, pas par la force

-          Socrate conteste: Si je suis malade je vais voir le médecin, pas le rhéteur; Socrate répond: " Avec le pouvoir de persuader tu feras ton esclave du médecin, ton esclave du pédotribe et, quand au fameux financier, on reconnaîtra que ce n'est pas pour lui qu'il amasse de l'argent, mais pour autrui, pour toi qui sait parler et persuader les foules." Platon: Gorgias

Examen maintenant de ce qui n’est plus de l’ordre du pouvoir mais qui est un problème purement linguistique:  TEXTE 

 

III/ LE LANGAGE COMME SIGNE ARBITRAIRE ?

  

A) Hypothèse d’un rapport avec le réel

 

1) La formation non anarchique:

 

-          Commencer par la distinction entre le signifiant et le signifié

-          Rapport du langage et de la réalité qu'il signifie ? La rectitude du langage réside dans sa capacité à imiter la réalité. 2 possibilités concourantes :

-          La composition -> l'étymologie un mot n'est pas formé n'importe comment ses éléments sont choisis pour exprimer une réalité Ex: rester près du mot cf. Représentation: présenter à nouveau, actualité: temps de l’acte, une hypothèse: ce qui est sous la thèse etc.

 -         La métaphore (et; ce qui porte au-delà) ex. la réflexion : décrit métaphoriquement mais non arbitrairement une opération intellectuelle.

Ces deux procédés existent dans toute langue quels que soient les matériaux sur lesquels ils s'opèrent mais ce sont ces matériaux qui posent problème

La formation d'un mot à partir d'une souche phonique répond à une logique mais ce fond primitif de tout langage semble lui immotivé.

 

 

 

2) La réalité et les unités phoniques

 

-          Essai de remonter au principe fondamental: la valeur significative du langage provient de la ressemblance ou de l'imitation

-          Envisager une imitation vocale, portant d'abord sur les bruits que font entendre les animaux. Difficilement soutenable

A côté de cette valeur imitative on peut supposer une valeur expressive des sons : la philologie classe les sons en liquide, sifflante, aspiré, sourd etc. La poésie tendrait dans une certaine mesure à abonder dans ce sens valeur de l'allitération. Rimbaud voulait inventer la  "couleur des voyelles" etc. Cette position s'appelle le cratylisme ( en référence au dialogue de Platon Le Cratyle). Sur le cratylisme des poètes vous pouvez écouter cette belle émission

L’essentiel dans la réalité sera imité? Position intenable jusqu'au bout

 

 

B) le langage séparé de la réalité

 

 

1)      Hasard linguistique:

Impossible de considérer que le langage se réduit au fond expressif des éléments expressifs Les phonèmes non significatifs sont pour chaque langue entre 20 et 30 il est donc inutile de prétendre que l'on puisse faire voir les choses en les imitant par des lettres ou des syllabes. Différence totale de signifiants pour un signifié identique dans des langues différentes => Démontre le caractère arbitraire du fond sonique. dog = chien même signifié, signifiant différent.

L'imitation vocale est donc différente du langage. « Imiter le mouton ou le bœuf ou toute autre bête ce n'est pas le nommer. » Platon

 

 

2) Spécificité du langage comme moyen d'expression

-          L’imitation de la nature par des sons se rapproche plus de la musique que du langage Les arts communiquent quelque chose mais sans mot.

-          De plus ils se présentent sous la forme d'une œuvre achevée qui n'attend pas de réponse. Le langage, lui est un échange. Pour cela Socrate dans le Phèdre le classe dans la catégorie des vivants: Il oppose le discours parlé au discours écrit -> discours mort car il ne peut ni évoluer en fonction des réponses ni se défendre. Cf. son origine: Le dieu Thot

-          Autre chose qui sépare le langage de son fond primitif et qui en fait un moyen d'expression dérivé de la valeur expressive de ce qui le compose: Toute langue comporte des phonèmes que l'on a ajouté pour permettre une articulation plus facile et dans toute langue on a marqué des infléchissements de sens ( sing. plur. modalité de l'action.) par des procédés arbitraires très variables d'une langue à 'l'autre. S'il existe une base imitative du langage elle se perd dans le hasard de la formation d'une langue.

 

Donc le signe linguistique est arbitraire. Ce qui ne veut pas dire, comme le rappelle Saussure dans son Cours de linguistique générale que " le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant " le signifiant est seulement immotivé, c'est à dire arbitraire par rapport au signifié.

 

  

3) Ce qui détermine le rapport du sens au mot:

 

On pourrait en conclure que le rapport est purement conventionnel (c'est la position d’Hermogène dans le Cratyle) Pour Platon le rapport est plus complexe : il faut que le législateur puisse utiliser le bon outil, comme un artisan, il doit forger le mot avec une connaissance de l'étymologie et du but qu'il poursuit, comme un démiurge. "tout le monde ne peut pas être fabricant de noms ; c'est seulement celui qui, le regard tourné vers le nom existant par nature pour chaque chose, peut transposer sa forme en lettres et en syllabes." Platon Cratyle 

Le politique contemporain a moins d'ambition : il peut chercher parfois à protéger la langue de certaines influences ou appauvrissements (cf. la lutte contre l'anglicisation du Français). De façon plus modeste, les académies considèrent la correction des termes, mais ils sont surtout des observateurs de la vie des langues. Comme le dit H. Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'académie : il ne sont que " des greffiers de l'usage"

 

 

IV LA QUESTION DE L’ORIGINE

  

A) Origine de l’expression

 

Qu'ont voulu exprimer les hommes en premier ?

 

- Une possibilité: des objets. Dans ce cas on peut croire que le nombre de signes à l'origine était immense en effet il devait y avoir un mot pour chaque chose car il est plus facile de voir ce en quoi des choses se distinguent que ce qu'elles ont en commun.

On peut de plus douter que les hommes aient d'abord cherché à nommer des objets car les objets principaux sont des objets du besoin, et les besoins ne sont pas ce qui rapproche les hommes mais ce qui les sépare, ce qui est particulier. «  Les fruits ne se dérobent pas à nos mains, on peut s'en nourrir sans parler; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître ». Rousseau Discours sur l'origine des langues.

Pour Rousseau tant que les hommes n'ont que des besoins à exprimer, ils se taisent, et s'ils désignaient un objet ce serait cet objet X, visé dans l'instant, destiné à la consommation immédiate à la satisfaction d'un besoin personnel. Dans cette optique qu'est-ce qui peut avoir poussé les hommes à s'exprimer ? A la fois ce qui les rapproche et ce qu'ils ont en commun: les passions : «  Pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte de accents, des cris, des plaintes. » Ibid.

Cf. le langage gestuel, premier qui permet d'exprimer un sentiment, pas de décrire un objet. On peut admettre qu'ensuite les hommes ont découvert une communauté dans les objets qu'ils convoitaient mais ils devaient déjà posséder le premier moteur de la communication: les passions.

 

 

 

B) Origine spécifique du « dire » :

 

- Confusion origine du langage et origine de la communication Sa spécificité ne réside pas simplement dans sa forme mais aussi dans ce qui est exprimé. Considérer le langage comme l'expression des passions, ce n'est pas expliquer l'origine du langage mais celle de la communication, dont les animaux sont tout aussi capables.

- La spécificité du langage humain est d'exprimer la pensée: «  Il ne s'est jamais trouvé aucune bête si parfaite, qu'elle ait usé de quelque signe, pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose qui n'ait point de rapport à ses passions. » Descartes Lettre du 23 novembre 1646 au marquis de Newcastle

- C’est ce qui fait que l’homme est témoin du monde.

Donc le langage n'est pas que l'expression il est d'abord signification, il n'est pas dire ce qui est en nous-mêmes mais dire la chose, avoir un rapport au réel.

  - Le langage comme signification Difficulté de la compréhension du rapport entre le signe et la chose Ce qui est difficile c'est de comprendre que l'on attribue un nom à une chose cf. miracle en Alabama.

  

 

C) Origine de l’attribution d’un nom à une chose

 

Possibilité de l'origine de cette attribution: un acte autoritaire, l'arrivée par l'homme à un certain degré de puissance par rapport aux autres animaux et par rapport à ses semblables, qui lui donne un sentiment d'orgueil: « Ce droit de maître en vertu de quoi on donne des noms va si loin que l'on peut considérer l'origine même du langage comme un acte d'autorité émanant de ceux qui dominent. Ils ont dit «  ceci est telle et telle chose », ils ont attaché un objet et un fait à tel vocable, et par là ils se les sont pour ainsi dire appropriés. » Nietzsche: la généalogie de la morale 1ère Dissertation § 2

Intervient ensuite le classement, la classification, le choix de regroupement. Ce qui suppose une pensée ; ou comme le dit Rousseau: " une idée générale ":

 

 

IV LE LANGAGE ET LA CONSIDERATION DU REEL

 

Intro: Avantage du langage dans la gestion du réel.

 

- Avantage gnoséologique du concept: connaître une classe c’est connaître en même temps tous les individus de cette classe (ou certaines de leurs propriétés) cf. concept Arme cf. Hegel: «  c’est dans les mots que nous pensons » Hegel

- Avantage pratique du concept

Au début du maniement du langage par l'homme ce dernier pouvait identifier des objets différents en ce qu'il pouvait lui servir:

Sachant qu'une telle branche présentait tel intérêt il pouvait par un concept, se servir de même façon de toute autre branche. L'identification permettrait d'apprendre, de faire progresser l'expérience individuelle.

 

A) Le langage générateur d’illusions

-          Illusion déjà considérée du sujet/

-          Illusion des facultés: cf. Spinoza: « la volonté est une idée générale, rien ne peut être produit par elle »

-          Illusion de l’existence des qualités:

Le beau et le juste sont considérés par réduction eidétique comme ayant une existence à part entière, or il ne s’agit justement que de qualificatifs qu’on ne peut en toute rigueur séparer de ce qu’ils qualifient. Le beau et le juste dit Platon sont les seules réalités parce qu’elles ne sont pas changeantes.

Dans le lien arbitraire, entre signe et réalité qu'est-ce qui permet la classification ?

La découverte de ce que sont les choses: Platon -> les catégories grammaticales sont des réalités en soi et mêmes les seules vraies réalités car contrairement aux objets sensibles ils ne sont pas changeants. Il y là une substantification d’adjectifs.

 

 

B) appauvrissement du réel par le langage.

Il y a parfois de l'indicible, ce qui est trop terrible ou trop beau pour être dit. « Ma langue est vaincue par ce que j'ai vu »  dit Saint Paul après avoir, soi-disant, visité le paradis. 

 

1) Réduction du réel au communicable

Problème également dans le rapport de l'objet au concept. Un concept sert à communiquer, sens premier de communiquer : rendre commun. Nietzsche «  tout concept naît de l'identification du non identique »

Cependant l'identification élude la particularité de la chose pour ne l'exprimer qu'en tant que partie d'un genre. De plus le langage ne retient de la chose qu'une de ses déterminations au dépend des autres: Cf. Nietzsche: le mot " serpent " ne retient de l'animal que son déplacement, mais un chemin ou un ruisseau aussi serpentent

- Limitation alors de l’existant au nommable: « Les frontières de mon langage sont les frontières de mon univers » Wittgenstein 

 

 2) Conception langagière réductrice de l’identité entre la vérité de la chose et l’essence:

Ce qui est également omis dans la classification, c'est la présence de la chose, et le mystère de cette présence.

- Le langage ne donne que des définitions. Platon: Identification du concept, de l’essence à la vérité de la chose.

La vérité de la chose est cependant sa présence, le fait qu’elle soit là et dans le temps de sa rencontre.
C’est alors dans la recherche de la vérité de la chose une quête pour échapper à la pensée conceptuelle qui réduit la chose à son essence. ( Cf Heidegger et occultation par la métaphysique de la vérité de la chose ) 

 

3) Réduction dans le rapport de l’homme à lui même:

Imprécision du langage dans la description des sentiments: L’amour ou la haine n’est plus que ce qu’elle a en commun avec les autres, tout ce qui fait sa richesse et sa particularité est passé sous silence. cf Roxane à Christian : «   « Je vous aime » c’est un peu court » «  Nous échouons à traduire entièrement ce qui notre âme ressent, la pensée demeure incommensurable au langage » Bergson

- Nécessité de préciser le sentiment, par l’art par exemple, cf. la poésie de Cyranno qui particularise se sentiment, et ainsi séduit.

 

 

 

Conclusion:

Le langage humain a sa spécificité par rapport à toute autre communication: Sa forme lui permet une expression illimité, il suscite une réponse qui permet le dialogue il affranchit l'homme de la présence de la chose et permet la pensée.

Le langage n'est cependant pas exempt de dangers ni de défauts: La maîtrise des formes métalinguistiques présentes dans le langage peut en faire une arme redoutable de coercition, et sa faculté même de permettre la pensée peut générer l'illusion de la réalité de ses classifications et omettre les particularités, la richesse ou même la présence de ce qu'il nomme.

Si le langage permet donc de communique à propos du réel, il n'épuise pas la réalité des choses qui peuvent rester dans l'indicible ou être l'objet de regard d'un autre langage, le langage poétique par exemple.