Le Désir

 

 

 

TS TES

 


I LE DESIR DETERMINE PAR L’OBJET

A) Rapport paradoxal à l’objet du désir
1/- Recherche et refus de la satisfaction
Le désir veut et ne veut pas être satisfait
- Leurre du désir :
:«De la source même des plaisirs surgit je ne sais quelle amertume qui prend l’amant à la gorge »De natura Rerum IV et surtout de l’ennui « La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui » SCHOPENHAUER Le Monde comme Volonté et comme Représentation Livre IV, §§. 56-57.
- Erreur sur le but : Rousseau : « Malheur à qui n’a plus rien à désirer »

2/- Impossibilité de la définition de l'objet:
« une synthèse de l'imagination. » Kant

 

3) Ambigüité du désir :
-  pauvreté « Ce dont on manque, ce qu’on ne possède pas, tel est l’objet du désir. » Ibid. 200e
- Richesse « il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas. » Rousseau La nouvelle Héloïse


B) La limitation du désir
discernement à l’égard de ses objets. « Parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires pour le bonheur, les autres pour le calme du corps, d'autres enfin simplement pour le fait de vivre. » Epicure Lettre à Ménécée
« on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n’en dépendent point » Descartes Traité des passions article 144
Il faut régler les désirs: « Ma troisième maxime était de toujours chercher plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde. » Discours de la méthode Partie III, 3ème maxime.
• Eviter les désirs impossibles :

 

• Eviter les peines . « Une théorie non erronée de ces désirs sait en effet rapporter toute préférence et toute aversion à la santé du corps et à la tranquillité de l'âme. » Epicure Lettre à Ménécée.

« Ne cherche pas à ce que les événements arrivent comme tu veux, mais veuille que les événements arrivent comme ils arrivent, et tu seras heureux. » (Epictète, Manuel, VIII)


II INSUFFISANCE DE LA COMPREHENSION PAR L’OBJET

A) L’oubli de l’objet
Désir fort pour objet inconnu :  « Que connaissais-je d’Albertine ? un ou deux regards sur la mer. On aime sur un regard, sur un sourire, sur une épaule. »
 - Le passionné le reconnaît lui-même, il cristallise  «  Albertine n'était, comme une pierre autour de laquelle il a neigé, que le centre d'une construction qui passait par le centre de mon coeur. » Proust: Albertine disparue.

B) La polymorphie des désirs

- Quant à l'objet: Transfert: Par contiguïté, ressemblance:

 

- Quant-au but: Sublimation «  On appelle sublimation cette capacité d'échanger le but qui est à l'origine sexuel contre un autre qui n'est plus sexuel mais qui est psychiquement parent du premier . » La vie sexuelle p. 33 34

 

C) L’orientation des désirs

III COMPREHENSION DU DESIR PAR LE SUJET.

 

A) Pertinence de l’explication psychologique du désir passionnel.

1 ) Insuffisance de la raison pour combattre le désir passionnel :

2/ Origine dans un passé vécu comme manque
3/ Origine de la passion dans un passé vécu comme plénitude.

 

B) le désir comme manque d’être

 

 

· Au niveau existentiel :

 

 impuissance par rapport à la réalité s’appelle la maturité

 

tout choix est sacrifice

 

facticité, le fait que nous aurions très bien pu ne pas exister « Le passé est le temps de notre être l’avenir est le temps de notre impuissance » Alquié

 

Etre conscient c’est ne pas être ce qu’on est,

 

 

 

Et ce que je dois être, c’est l’autre qui va me le montrer, désir de reconnaissance. toute la félicité des hommes consiste dans cette estime." Pascal, pensées, Br 400

 

 

 

IV/ LE DESIR MEDIATIQUE

A) l’admiration

 

« le héros de la médiation externe proclame bien haut la vraie nature de son désir » Girard.

B) La rivalité
 

 

1) Dans le désir amoureux.

 

 « O enfer, choisir l'amour par les yeux d'un autre » dit Hermia dans "le songe d'une nuit d'été".
- La coquetterie : « Imiter le désir de son amant c’est se désirer soi-même grâce au désir de cet amant. Cette modalité particulière de la médiation double s’appelle la coquetterie. » Girard Mensonge romantique vérité romanesque

 

2) Sur le plan politique et social

 

 

 

• Dans le snobisme Passage du Bourgeois gentilhomme au snob

 

« Pour qu’un vaniteux désire un objet, il suffit de le convaincre que cet objet est déjà désiré par un tiers auquel s’attache un certain prestige » Girard ibid.
• Manifeste politiquement : Cf. France et Allemagne 1871-1945
• Relations intersubjectives
 

 

3) Illustration par la publicité
 « le héros de la médiation interne, loin de tirer gloire, cette fois, de son projet d’imitation, le dissimule soigneusement » ibid. Cf. " l'envie la jalousie et la haine impuissante. " Balzac

 

   

 

Conclusion sur le désir médiatique  mène à une impasse. Si le désir c'est "ce dont on manque, ce qu'on ne possède pas" alors "la vie est ailleurs ",  "sans le savoir, les amants malgré eux n'ont jamais désiré que la mort" Denis de Rougement. Solution religieuse Schelling : "on a une idole ou un Dieu". Il est peut-être une autre voie du désir.
   
IV LE DESIR COMME POSSIBILITE DE JOIE

A) Le désir comme puissance.

1) Distinction désir et soulagement

 

Ne plus avoir faim mais de ne jamais manquer d’appétit, celui qui manque est celui qui n’a pas de désir manque de « la puissance d’agir ou la force d’exister » (agendi potentia sive extendi vis) Ethique III Def. Générale des affects.

 

   « Le manque n’est pas l’essence du désir, c’est son accident ou son rêve, la privation qui l’irrite ou le rêve qu’il s’invente. » Comte Sponville.

 

 

 


2) Ce avec quoi est confondu le désir comme manque Espérance
« Il n’y a pas d’affection de l’espoir et de crainte sans tristesse. Car la crainte est une tristesse et il n’y a pas d’Espoir sans Crainte. » Ethique IV, prop. 47, démonstration

 


B) Distinction amour et passion
- Passion égoïste « les amants aiment l’aimé comme les loups aiment l’agneau » Le Banquet 240 « Aimer c’est se réjouir » Aristote Ethique à Eudème VII, 2, 1237 a
pas dans le manque, mais dans la joie. « L’amour est une joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure » Spinoza Ethique III, def. 6 des affects
Pas sens restreint d’amitié : aussi « la joie que ressentent les mères à aimer leurs enfants » Ethique à Nicomaque, VIII, 9 ou « l’amour entre mari et femme » ibid., VIII, 14 Cf. aussi Montaigne qui parle « d’amitié maritale » Essais III, 9