JUSTICE
(PLAN Développé)
I DIFFERENTES FORMES DE JUSTICE ET VALIDITE
A) Justice mutuelle et distributive
B) Validité de la justice distributive en matière pénale
1) Rationalité plus grande que l’archaïsme
Nécessité par rapport à une violence progressive : « chacun punissant le mépris qu'on lui avait témoigné d'une manière proportionnée au cas qu'il faisait de lui-même, les vengeances devinrent terribles » Rousseau Discours sur… l’inégalit
Loi du talion, « modération » cf. origine « talis » : tel. Considération aussi d’une même humanité : « Qui tue un animal doit le payer et qui tue un homme doit mourir. Même législation vous régira, étrangers comme nationaux ; car je suis l’Eternel votre Dieu à tous. » la Bible, Lévitique, ch.24
Mais insuffisance « Et toute l’Eternité, et tout l’argent du monde ne peuvent guérir l’outrage qu’on a fait à l’homme » Levinas, Difficile liberté
2) Réalité psychologique sous l’apparence rationnelle
"comment la souffrance peut-elle être une compensation pour des « dettes » ? Faire souffrir causait un plaisir infini, (…) cela procurait aux parties lésées une contre-jouissance extraordinaire " Généalogie de la morale 2ème dissertation § 6
D’ailleurs, exigence plus grande des autorités morales : Œil pour œil finira par rendre le monde aveugle Gandhi. Et inapplication aux génocides (cf. Rwanda)
3) Seules justifications possibles de la peine
Une concession au besoin de vengeance, empêcher de nuire et dissuader.
Pas de sévérité nécessaire : « En arithmétique politique, il faut substituer à l’exactitude rigoureuse le calcul des probabilités. » Beccaria Des délits et des peines §2
Efficacité contestable. Seule efficacité réelle : « Enfin le moyen le plus sûr mais le plus difficile de prévenir les délits est de perfectionner l’éducation » ibid. § 45
C) Validité en matière sociale
1) Progrès de l’égalité civile par rapport aux privilèges
Seule justification des privilèges : le maintien de la paix sociale "Le peuple honore les personnes de grande naissance. les demi-habiles les méprisent, disant que la naissance n'est pas un avantage de la personne, mais du hasard. Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple, mais par la pensée de derrière." Pascal Pensées 337
Mais seulement respect d’établissement pour ces grandeurs de même nature "Que la noblesse est un grand avantage, qui dès dix-huit ans met un homme en passe, connu et respecté comme un autre pourrait avoir mérité à cinquante ans. C'est trente ans gagnés sans peine." (Pascal, Pensées, 95).
Nous ne sommes pas loin de la question qui sonnera le glas des hiérarchies arbitraires : « Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. » Beaumarchais le mariage de Figaro
2) Dépassement des inégalités
Egalité civile, anonymat examen et concours
3) Problèmes de l'égalité civile:
Cette égalité est utopique: Problème de l’héritage économique Ruse possible de l'égalité civile
Idéologie de la référence à l’exception
Recours nécessaire à l’outil sociologique : la statistique, constat de reproduction sociale, recours au « voile d’ignorance »
Seule justification des inégalités inégalité profitable aux plus défavorisés : Cf. Rawls le « principe de différence » : "All social primary goods -liberty and opportunity, income and wealth, and the bases of self-respect -are to be distributed equally unless an unequal distribution of any or all of these goods is to the advantage of the least favored" (Theory of justice,§46)
- Héritage culturel facteur de reproduction « la pratique culturelle sert à différencier les classes et les fractions de classe, donc à justifier la domination des unes sur les autres. » Bourdieu
- Privilège de l’égalité des places sur l’égalité des chances cf. F. Dubet.=> le juste ne refuse l’inégalité criante comme la vengeance.
Conclusion: "Il semble que la justice distributive a pour objet l'ordre et n'est qu'un moyen; tandis que la justice mutuelle est par elle même un idéal c'est à dire une fin pour toute volonté droite". ALAIN, Propos.
II L'EGALITE DES PERSONNES.
A) Réalisation de l'égalité par la loi
1) Droit mimétique et droit positif ( ou poétique)
" Le peuple soumis aux lois doit en être l'auteur." Rousseau Du contrat social I.4 Pas de référence transcendante
2) La double universalité de la loi.
- Universalité de l'origine : "Ce qu'un Hô seul, quel qu'il puisse être ordonne de son chef n'est point une loi." Rousseau Du contrat social L.II Ch.VI et
- Universalité de l'objet. "Ce qu'ordonne même le souverain sur un objet particulier n'est pas non plus une loi." Ibid.
B) Lien entre justice et liberté.
" Le droit est la limitation de la liberté de chacun à la condition de son accord avec la liberté de tous, en tant que celle-ci est possible selon une loi universelle. " Emmanuel Kant, Théorie et pratique, 2e, partie, trad. Guillermit, Vrin, 1980, p. 30.
L'obéissance à la loi comme véritable liberté: " L'impulsion du seul appétit est esclavage, l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté". Rousseau. Du contrat social livre I chapitre 8 De l’état civil
La loi n'impose que ce que l'individu aurait dû et pu s'imposer à lui-même : "faites que, pour faire ce qu'on doit, il suffise de songer qu'on le doit faire" Rousseau, discours sur l'économie politique.
Distance entre moralité et liberté : Même un peuple de démons …
III LA LUTTE POUR LA JUSTICE
A) L’ambigüité du bénévolat
1) avantage de la bonne volonté individuelle
" La justice est à la charité comme le négatif au positif ou comme le clos à l'ouvert, le bon sens conservateur à l'invention créatrice." JANKELEVITCH : Traité des vertus.
2)) Ruse possible du bénévolat
« Toute la ruse des bonnes consciences bien pensantes et bien nourries, revient à donner au pauvre comme une gracieuseté ce qui lui est dû comme un droit » Jankélévitch Traité des vertus.
3) Initiative généreuse – Réalisation de la justice.
« La justice n'existe point ; la justice appartient à l'ordre des choses qu'il faut faire justement parce qu'elles ne sont point. La justice sera si on la fait. Voilà le problème humain. " Propos II, Paris, Gallimard, 1970 (Bibliothèque de la Pléiade), pp. 279-280 ou de façon plus synthétique : « La justice est le doute sur le droit qui sauve le droit »
B) la fin et les moyens
1) L’utopie
Sartre et l’imagination
2) le droit et la force
Rareté de l’impeccable ( Gandhi) « la justice sans la force est impuissante » Pascal
Alors emploi possible de la force pour faire triompher la justice mais danger :
Gerard Mosse le processus de brutalisassions