LA MORT
PLAN
I/ LA MORT S'ANNONCE
A) difficulté de concevoir la mort.
« Quand je méditerais tous les jours sur une tombe, je n’arriverais jamais à penser que je ne pense plus » Alain, Propos d’un Normand.
B Ce qui m'annonce ma propre mort.
- La mort de l'autre:: « Qu'on s'imagine un nombre d'hommes dans les chaînes et tous condamné à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres (...) C'est l'image de la condition des hommes. » Pascal Pensées 199 cf. la grotte de Polyphème
La mort du proche est peut-être le seul lieu d'où l'on peut contempler sa propre mort. « L’intérêt biologique de l'espèce nous a décidément quitté, la sollicitude qui nous protégeait du néant s'est déplacée en nous laissant en tête à tête avec la mort ». Jankélévitch: La mort p.23. La mort a donc un aspect tragique elle est l'effrayant =>
II/ LES REACTIONS, FUITE ET ACCEPTATION
A) fuite de la mort en elle même
- suppression de sa réalité intellectuelle : " la mort n'est rien pour nous " Epicure : " lettre à Ménécée
- Suppression de la réalité du sujet « Le fait de mourir est ainsi ramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalité humaine mais qui ne touche personne en général. » Heidegger: L'Etre et le temps in « Qu'est-ce que la métaphysique »
B/ Tentatives de fuite de sa radicalité
- La religion « La religion est une réaction défensive de la nature contre la représentation, par l'intelligence, de l'inévitabilité de la mort. »Bergson: les deux sources de la morale et de la religion.
- Son inscription dans une naturalité
« En tant que naturelle la mort est universellement acceptée; en tant que factuelle, universellement déniée. » Rosset l'anti-nature p.85
Devoir sa mort au factuel (hasard) et non au naturel (nécessité) double d'une humiliation la tristesse du renoncement forcé à la vie.
C) son acceptation
Platonicienne "philosopher c'est apprendre à mourir" Phédon 66b
Montaigne Essais I, 20, Apprivoiser notre fin. "Je veux que la mort me trouve plantant mes choux mais nonchalant d'elle et plus encore de mon jardin imparfait" Essais I, 19
III CE QU'EST LA MORT
A/ la possibilité la plus authentique de l'homme
Dépassement du divertissement et de la frivolité « Combien de gens ont dilapidé ta vie sans que tu t’aperçoives de ce que tu perdais, tout ce que t’ont soustrait vaines douleurs, sottes allégresses, avide cupidité, flatteries du bavardage, et vois combien il te reste peu de ce qui t’a appartenu : tu comprendras que tu meurs avant d’avoir attient la maturité » Sénèque (1er siècle après JC) De la brièveté de la vie III
La compréhension permet de mourir au lieu de périr « La mort est la possibilité la plus spécifique au devant de laquelle l'existence puisse aller. » Heidegger: Sein und Zeit 1 p.236
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B/ la marque de ma contingence.
Cependant la mort ne vient pas de moi, « je ne saurais ni l'attendre ni prendre une attitude envers elle, car elle est ce qui désarme toutes les attentes » Sartre: L'être et le néant
- Objection le suicide : Cf. les démons" de Dostoïevski Kirilov dit « se tuer c'est refuser d'inventer Dieu »
- La mort marque de ma contingence « la fin est sanglante quelque belle que soit la comédie en tout le reste: On jette de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais » Pascal pensées 210
IV /CE QUE M APPORTE LA MORT
A) Une délivrance
Critique de la vie maladive uniquement pour le malade : Nietzsche à Socrate coq pour
Euthanasie (cf. Malraux, la condition humaine)
B) La gravité de la vie.
- L’acceptation du
- Le risque « Etre libre c'est courir le risque de voir ses entreprises échouer et la mort briser le projet » Sartre Cahier pour une morale
- La radicalisation des choix
C) La conscience authentique
- L’évaluation des pensées
« Toi, pourtant, qui n'es pas de demain, tu ajournes la joie ; la vie périt par le délai, et chacun de nous meurt affairé". (Epicure, sentence vaticane, 14).
- La mesure de: « à l'homme animé de sérieux, la pensée de la mort donne l'exacte vitesse à observer dans la vie, et elle lui indique le but où diriger sa course. » Kierkegaard, Sur une tombe. –
- la méditation véritable : « sans cela [le divertissement] nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous pousserait à chercher un moyen d’en sortir. Mais le divertissement nous amuse, et nous fait arriver insensiblement à la mort » Pascal 171
D) La grandeur de l’homme
Son courage tout d’abord
- L’infériorité des dieux " ils manquent d'un emplissement du seul accomplissement, de la seule plénitude. Ils ont un destin qui ne s'emplit pas " Charles Péguy " Clio " Seuls les hommes risquent leur vie, les dieux ne risquent rien.
- Sa quête ensuite :
critique de la vie contemplative « Ce qui importe, c'est que l'expérience de l'éternel, par opposition à celle de l'immortalité, ne correspond et ne peut donner lieu à aucune activité. ». H. Arendt La condition de l’homme moderne.
La vie active, Du Bellay appelait « un honnête désir de l’immortalité »,: « Le devoir des mortels, et leur grandeur possible, résident dans leur capacité de produire de choses - œuvres, exploits et paroles - qui mériteraient d'appartenir et, au moins jusqu'à un certain point, appartiennent à la durée sans fin. » Ibid.
Effort de la pensée pour « sauver de l'oubli la quête d'immortalité qui avait été à l'origine le ressort essentiel de la vita activa. » ibid.
- Sa dignité enfin
« Toute notre dignité consiste dans la pensée » Pascal 347
l’homme serait plus noble, même que l’univers qui le tuerait « car il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien » Pascal 347